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Les petits métiers d'autrefois à Toulouse

Peyarot.... Peaux de lapin

Seuls, les natifs de la région toulousaine savent ce qu'était le "peyarot"... Le Peyarot, c'était celui qui passait dans les quartiers et rues de Toulouse afin de récupérer les vieux chiffons..... Sa récolte ne devait pas être bien grande dans les quartiers... en effet, toute bonne ménagère, dans les années de mon enfance ne jetait, quasiment, rien. Tout tissu était récupéré.  J'ai encore ce cri dans ma tête: Peyarot.... Peaux de lapin....

Les petits riaient et couraient autour de lui: Peyarot.... Peaux de lapin... Peyarot.... Peaux de lapin... on entendait ce cri puissant de l'homme suivit pas les cris aigus et perçants des enfants qui s'égayaient soudain comme une volée d'étourneaux, tout à coup, on ne sait pourquoi, attirés ailleurs, par autre chose de plus marrant. Le Peyarot passait tous les deux à trois mois...

Il y avait aussi l'homme qui passait en été avec sa camionnette dégoulinante d'eau... il livrait les pains de glace qu'il amenait de la Glacière du village de Fenouillet. En été. Les pauvres n'avaient pas de frigo mais des glacières. Nous, on n'avait même pas une glacière, on charriait une grosse bassine... L'homme coupait le pain de glace en deux: l'entier valait 100 francs d'avant 58. Il pouvait le couper en deux, parce que, quand même, 100 francs, tous les jours, ça faisait cher! Il prenait un pic noir et il tapait, tapait, tapait comme un sourd. La glace craquait, gueulait, claquait... des miettes de glace volaient partout alentour. L'eau giclait sur les jambes, ruisselait sur nos pieds.

Parfois, le pain se coupait plus ou moins droit. Alors, on en avait "un normal"; parfois, la glace, bien sûr, cédait comme elle voulait, alors, on râlait pour ne pas avoir "le petit". Les voisins aussi râlaient, ils voulaient eux aussi "le gros". Mais, la dispute était juste arrêtée sur la camionnette.... On râlait toujours à Toulouse. Parce que c'est comme ça, les Toulousains. Ils râlent toujours. Ils ont toujours étés rebelles aux gensses d'ailleurs. Demandez aux Comtes de Toulouse.... avant de baisser l'épée contre les Parigots et le roy de France, ils se sont battus comme des fous! C'est que le Comté toulousain, le Pays de Cocagne, ben, on n'a jamais trop voulu le lâcher aux "nordistes." Les Armagnacs, les Bourguignons... sacré histoire de France...

J'en ai aussi, déjà parlé, il y avait le loueur de machine à laver. C'était 100 francs pour deux heures... ou bien, on devait dire 1Franc... Les vieux, y se mélangeaient pas mal. Nous aussi, les francs nouveaux sont arrivés en 1958; si vous croyez que ça m'a arrangé pour apprendre le calcul. Moi, quand j'apprends une chose, elle est casée pour très longtemps dans ma tête. Aussi, passer de l'ancien au nouveau franc, comme ça, alors que j'avais appris les bases du calcul sur l'ancien... bon, ç'a ma déçue.

S'il faut toujours recommencer à apprendre des choses qu'après c'est plus pareil, mince alors! Et puis, le changement des francs s'est passé quand il y a eu cette catastrophe dans notre famille, puis un déménagement et en Noël 58, ma broncho-pneumonie double: deux fois, cette année-là j'ai failli trépasser.... alors, 1958, ben, elle est gravée au fer rouge dans ma tête, ma mémoire, mon cœur et mon âme. Peut-être même pour les siècles des siècles, puisque le barbu éternel nous promet une vie éternelle. Il peut être sûr que je ne vais jamais oublier... J'en ai des choses à ne jamais oublier, vous pouvez me croire. Et si un jour je me trouve devant lui, je ne vais pas me prosterner devant sa gloriole... il va m'entendre le gus!

Nous avions encore d'autres petits métiers qui circulaient régulièrement dans les quartiers et cités de Toulouse; le plus sympa et savoureux était le vendeur de galette des rois. Miam! la galette avec des tas de morceaux de fruits confits! Et la fève.... et la couronne! Cela, c'était pendant la saison adéquate des rois mages et du jésus dans son étable. La couronne, elle disparaissait, et la fève aussi d'ailleurs, les autres périodes de l'année. Mais, la galette restait totalement et définitivement bonne. Bien bonne. On en avait deux pour 100 francs. Anciens, bien sûr. 1 franc nouveau, pour ceux qui insistent. Pas la peine de convertir en euro... on en avait pour son argent, avant, autrefois… vous connaissez la chanson sur l'augmentation des prix, je ne vous fais pas un dessin.

Ha té! et le rémouleur alors? faut pas l'oublier.... lui, ne venait pas aussi souvent, tous deux ou trois ans peut-être. Moi, j'étais fascinée par ce pied qui faisait tourner la meule de pierre et le crissssaillllement  de la lame qui hurlait en jetant des milliers d'étincelles.... comme tous les gosses, j'avançais d'un pas et reculait vite fait, de crainte de prendre feu! Répulsion, fascination!

Un autre petit métier venait également: il s'installait sur le pas de la porte des gens. Il lui fallait beaucoup de place. Il avait une drôle de machine; on aurait dit une balançoire mais elle avait de grosses dents, l'homme poussait et ramenait sans cesse le balancier d'un grand geste: avant, arrière, avant, arrière. En même temps, il fouillait entre ses jambes et récupérait des grosses touffes de laine enserrées dans du coutil. Le matelassier, oui. Vous aviez deviné.

Des vitriers, il n'y en avait pratiquement pas... ils passaient dans certains quartiers; je n'en ai aperçu qu'un, me semble-t-il. Quand nous allions en centre-ville de Toulouse, on voyait le photographe des rues. Et puis, en automne il y avait le marchand de marrons grillés. Il en reste un ou deux à l'heure actuelle. Il y avait aussi le marchand de cornets de glace et puis les vendeurs du muguet. En centre-ville de Toulouse, ces derniers ne venaient guère dans les quartiers ou les cités.

Dans quelques quartiers, il y avait le boulanger ambulant, l'épicier ambulant, les Magasins Bleus (qui vendaient des vêtements dans des camionnettes). Beaucoup avaient disparu des grandes villes. Maintenant, doucement, on revoit des services à domicile. Tout change. Mais, finalement, rien ne change. Les sociétés humaines sont ce qu'elles sont. La technologie fait seulement la différence.

Ha au fait, vous savez peler un lapin vous? Moi oui.

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