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DOSSIER: la grippe aviaire dans le sud-Ouest

Grippe aviaire: les élevages du Sud-Ouest vont geler leur production pour éradiquer la maladie

Les élevages d’oies et de canards du Sud-Ouest vont devoir geler leur production pendant plusieurs mois afin d’éradiquer la grippe aviaire qui a été détectée dans huit départements.

Le gouvernement a décidé de frapper fort pour tenter d’endiguer l’épizootie de grippe aviaire qui touche les élevages de volaille français depuis fin novembre 2015. Il a annoncé la mise en place d’un vide sanitaire chez tous les producteurs de canards et d’oies du sud-ouest de la France. En clair, pas de nouveaux canetons seront mis en production à partir du lundi 18 janvier. En revanche, les canards en cours d’élevage iront à leur terme.

La décision intervient alors que 69 foyers de grippe aviaire hautement pathogène pour les volailles ont été décelés à ce jour. Le virus a affecté aussi bien des poulets, que des pintades, des oies, des canards ou des chapons. Le dernier cas a été détecté en Haute-Garonne portant ainsi à 8 le nombre de départements touchés.

Face à cette épizootie, le ministère de l’agriculture a défini une zone dite de " restriction ". Dans cette zone, des mesures de limitation des mouvements d’animaux, de nettoyage, de désinfection et de vide sanitaire dans les élevages s’appliquent. Elle couvre 9 départements et sera étendue à 15, plus deux (Aude et Cantal) partiellement.

Limiter les risques économiques

C’est dans cette géographie que les autorités sanitaires françaises et les industriels ont décidé d’arrêter toute production de canards pour tenter d’éradiquer le virus. Les palmipèdes ayant la particularité d’être des porteurs sains de l’influenza aviaire. Le gel de l’élevage pourrait durer jusqu’à la fin du premier semestre. Ce qui permettrait de remettre des canetons à temps pour la fabrication de foie gras en fin d’année.

L’enjeu pour la filière est de limiter le risque économique. Et en particulier dans le domaine de l’export de volailles. La plupart des pays non européens qui ont signé une convention vétérinaire avec la France ont fermé plus ou moins les portes. Les pays du Golfe continuent à importer des volailles élevées hors des zones de restriction. La question de la réaction des pays européens se pose aujourd’hui.

Le ministère de l’agriculture n’a pas détaillé le plan d’aide qui accompagnerait cette mesure. Le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras estime que ce " plan d’éradication aura d’importantes conséquences économiques pour l’ensemble des maillons de la filière, depuis les couvoirs, jusqu’aux ateliers de transformation, en passant par les éleveurs et les abattoirs ". Il chiffre le coût entre 250 et 300 millions d’euros.

" Pour certains [éleveurs], cela signifiera un arrêt de production de près de six mois et donc une véritable catastrophe économique et sociale. Par ailleurs, les mesures de biosécurité envisagées font peser de lourdes menaces sur les élevages de plein air ", a réagi le syndicat de la Confédération paysanne demandant des mesures proportionnées pour les élevages paysans.

La grippe aviaire progresse en France. Quinze nouveaux foyers ont été détectés depuis le début de la semaine dans quatre départements du sud-ouest de la France, portant le nombre total de cas confirmés à trente, a annoncé, mercredi 16 décembre, le ministère de l’agriculture. Trois souches ont été identifiées: H5N1, H5N2, H5N9.

L’Agence de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses) a conclu lundi que la souche du virus découvert dans le premier élevage contaminé, en Dordogne à la fin de novembre, " ne possède pas la combinaison de gènes qu’il faut pour être transmissible à l’homme ". Deux autres souches étaient encore en cours d’analyse.

Les autorités ont mis en place des périmètres de protection et de surveillance, de respectivement 3 et 10 kilomètres de rayon, autour des sites touchés, où les animaux sont abattus et les locaux désinfecté. Le gouvernement a également interdit l’exportation d’oiseaux vivants et d’œufs à couver provenant de Dordogne et de deux cent vingt-cinq communes des Landes. Dix-sept pays et territoires ont imposé des embargos, larges ou ciblés, sur les produits avicoles français, dont le Japon, premier débouché des producteurs de foie gras de l’Hexagone.

Quelles sont les différentes souches de grippe aviaire?

Il existe des dizaines de souches de virus de la grippe aviaire. Tous possèdent à leur surface deux protéines externes, l’hémagglutinine (la lettre H), qui leur permet de se fixer sur un récepteur de la cellule cible, et la neuraminidase (N), qui favorise leur décrochage de la membrane cellulaire pour infecter d’autres cellules. On compte seize formes d’hémagglutinine et neuf de neuraminidase. Toutes les combinaisons de virus existent dans la faune, en particulier chez les espèces aviaires. Pour chacune de ces souches, il existe en outre plusieurs lignées, qui présentent des différences génétiques.

Dans la majorité des cas, ces virus ne touchent que les oiseaux. Des foyers apparaissent ainsi régulièrement en Asie, mais aussi en Europe. Les souches H5 et H7 sont les plus pathogènes pour les animaux. En septembre 2014, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait mis en garde contre une nouvelle forme, H5N6, particulièrement infectieuse et signalée pour la première fois en avril en Chine. En novembre de la même année, plusieurs foyers étaient apparus en Europe, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne, dus dans les deux derniers cas à une souche H5N8 jusque-là cantonnée en Asie.

En Afrique de l’Ouest, une série de foyers d’infection d’animaux de basse-cour par le H5N1 se sont déclarés l’été dernier. Plus de 1,6 million de volailles sont mortes ou ont dû être abattues. La FAO avait demandé 20 millions de dollars (19 millions d’euros) pour combattre ces foyers, mais elle disait le 20 août n’avoir pu mobiliser cette somme. Les trois souches apparues en France, pour la première fois depuis 2007, sont donc les H5N1, H5N2, H5N9.

Mais, parfois, après avoir infecté des espèces aviaires, les virus mutent et acquièrent des capacités qui leur permettent de passer la barrière d’espèce et d’infecter l’homme. " Toutes les souches sont susceptibles de se transmettre un jour aux hommes ", assure Vincent Enouf, virologue et responsable adjoint du Centre national de référence des virus influenza de l’Institut Pasteur.

Quels sont les risques pour la santé humaine?

Une combinaison spécifique de mutations génétiques rend le virus plus ou moins dangereux pour l’homme. Deux souches du virus de la grippe aviaire sont particulièrement suivies dans la mesure où elles ont infecté des hommes, entraînant des complications graves (pneumonies, maladies chroniques) voire la mort: H5N1, qui a provoqué quatre cent quarante-neuf morts dans seize pays, surtout en Asie du Sud-Est, depuis son apparition, en 2003, et H7N9, qui a tué deux cent soixante-quinze personnes depuis son apparition, en 2013, selon les décomptes de l’Organisation mondiale de la santé.

" Les personnes infectées ont été au contact des animaux, dans des environnements avec des quantités de charges virales élevées dans l’air. C’est notamment le cas en Chine, où les éleveurs dorment avec leurs bêtes, poursuit le scientifique. Aucune souche de grippe aviaire ne s’est par contre transmise d’homme à homme. "

En France en revanche, les souches H5N1, H5N2 et H5N9 " sont clairement différentes des virus H5N1 hautement pathogènes de la lignée asiatique, qui s’est révélée être à ce jour la seule responsable de formes sévères [de grippe] chez l’homme ", précise un avis de l’Anses du 14 décembre. " Des cas d’infection chez l’homme n’ont jamais été rapportés pour les virus H5N1 autres que ceux de cette lignée asiatique, ni pour les virus H5N2 ", précisent les experts.

Comment le virus a-t-il pu arriver en Europe?

Selon un expert européen, la contamination des exploitations européennes pourrait provenir d’oiseaux migrateurs, en particulier de cygnes sauvages migrant du nord au sud de l’Europe. Ces oiseaux seraient des porteurs sains du virus, et l’auraient contracté lors de contacts avec d’autres volatiles, dans le nord de l’Europe, provenant, eux, d’Asie. Le virus se serait transmis aux exploitations européennes par des déjections d’oiseaux migrateurs tombées sur les fermes.

Quelles sont les mesures prises par l’Union européenne pour prévenir et contrôler des épidémies?

L’Europe s’est dotée en 2003 d’une législation définissant les mesures de précaution à prendre d’urgence en cas d’apparition d’un foyer de grippe aviaire virulente. Il s’agit de la directive 2005/94/CE, qui prévoit qu’en cas d’apparition d’un foyer infectieux dans une exploitation, " aucun cadavre, aucune viande provenant de volailles, […] aucun ustensile, aucune matière ni aucun déchet, aucune déjection, aucun fumier de volailles, […] ne doit sortir de l’exploitation sans l’autorisation ". Idem pour les œufs.

Les Etats membres doivent donc obligatoirement notifier les cas de grippe aviaire à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Ils doivent ensuite abattre les élevages contaminés et appliquer des mesures de restriction et de confinement. Les mouvements des personnes sont aussi contrôlés.

En novembre 2014, à la suite de la découverte de cas aux Pays-Bas, la Commission européenne a systématisé ces mesures de restriction dans les zones entourant les exploitations agricoles concernées. Ce sont les mêmes mesures qui ont été appliquées à partir du 25 novembre en Dordogne: une zone de protection est établie dans un rayon de 3 km autour de l’exploitation et une zone de surveillance dans un rayon de 10 km. " La surveillance sera renforcée non seulement dans les élevages mais aussi dans la faune sauvage ", souligne le ministère de l’agriculture français. S’y ajoutent des mesures d’abattage des volailles dans les exploitations concernées.

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