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L'Autan, le vent maître du Lauragais

Le Lauragais est le pays des vents qu'ils viennent de l'Ouest (les cers) ou de l'Est (les autans). L'agitation de l'air est incessante et rares sont les journées calmes: à Villefranche, 68 jours par an seulement peuvent être qualifiés " sans vent ".

Comme le mistral, qui est le vent dominateur de la vallée du Rhône et de la Provence, l'Autan est le maître du Lauragais, par sa violence, sa vitesse et ses effets dévastateurs. Son importance dans la vie des populations lauragaises est si significative, que toute une littérature lui est consacrée avec une foule d'observations précises et de proverbes. Les dégâts qu'il entraîne dans les récoltes, dans les maisons (il ne faut jamais ouvrir les fenêtres par vent d'autan), sur les arbres fruitiers, le font appeler le “vent du diable“, comme si c'était le Malin qui l'envoyait sur Revel ou sur Castelnaudary pour punir les hommes de leurs péchés ...

Un vent fou qui rend fou

À Bram ou à Castelnaudary, on l'appelle le marin, c'est à dire le vent qui vient de la mer Méditerranée. Mais son domaine ne se limite pas au Lauragais puisque son souffle se fait sentir jusqu'à Rodez, Cahors, Agen ou Auch. Sa vitesse et sa violence sont maximales vers Castres et en Lauragais où les vitesses records sont observées à Dourgne, Revel, Saint Félix, les Cassès; l'autan "décoiffe " vraiment et ce n'était pas une image...  Il peut souffler à 140 km à l'heure mais contrairement à ce que l'on pense parfois, le record des vitesses est détenu par le cers, le vent qui souffle du Nord Ouest. Les paysannes avaient l'habitude d'accrocher un long ruban noir de chaque côté du chapeau de paille pour bien l'attacher sur la tête! c'est à cela que l'on reconnait le vrai costume folklorique.

Les directions de l'Autan sont variables. Il peut venir du Nord Est (l'autan de Sibérie ou manja fanga), plus généralement du Sud Est, parfois du Sud alors appelé vent d'Espagne, vent de Pamiers, de Mazères où même de Lybie. Plusieurs jours avant qu'il ne souffle, signe annonciateur, on peut voir très nettement les Pyrénées: "l'autan bol bufa" (l'autan va souffler) observent alors nos paysans.

Il se lève, lentement d'abord, furieusement ensuite. Il couche la végétation, dépouille les arbres de leurs feuilles ou de leurs fleurs, brise les branches chargées de fruits (une des raisons, sans doute, pour laquelle il n'y a que très peu de cultures fruitières en Lauragais), abîme les vignes. En juin, il peut "moissonner le blé" avant les hommes. Il abat les cheminées et les antennes de télévision et on l'a vu faire faire la culbute aux anciennes "2 chevaux".

En mai 1916, il y eut même mort d'homme lorsqu'il renversa sur la voie, à un kilomètre de Revel, plusieurs wagons du petit train du Lauragais (aujourd'hui disparu). Au lycée de Revel, une classe préfabriquée a été complètement retournée.

J'ai vue le lac de Saint-Ferréol, vidé de son eau tandis que soufflait un vent “à décorner les bœufs“ (ou les cocus), comme on disait dans ma famille; le vent était si violent que je devais pousser ma fille dans le dos pour pouvoir approcher de la rive! Elle me disait: regarde, je me laisse aller, je ne me retiens pas…. c'est le vent qui la tenait; elle ne tombait pas, portée par ce vent violent… et fou.

On dit parfois, “petite pluie, abat grand vent“. Chez nous, à Toulouse, un bon vent d'Autant souffle trois, six, neufs jours durant… et les Toulousains, alors, n'en “peuvent plus“. Ils sont exécrables, colériques, nerveux: on l'appelle le “vent des fous“.

Si vous vous promenez en Lauragais vous découvrirez que le vent d'autan s'inscrit dans le paysage humanisé. Sur la route, entre Castelnaudary et Revel, les platanes sont déformés par le vent et l'on voit concrètement la direction d'où il vient. Regardez toutes les anciennes métairies, elles sont toutes parallèles à la direction du vent. A Soréze ou Revel, on aperçoit encore de grosses pierres sur certains toits. Toutes les métairies étaient entourées de haies brise vent, avec beaucoup d'ormeaux.

Aujourd'hui, ceux-ci sont morts, beaucoup de haies ont disparu, mais regardez les haies modernes que l'on replante un peu partout, pour se protéger ou mettre à l'abri les parcelles portant blé, tournesol, ou pastel (vers le Mas Saintes Puelles par exemple): contre quoi?

Preuve que l'autan demeure, encore aujourd'hui et sans doute pour longtemps, le seigneur maître du Lauragais.

 (*) le foehn est un phénomène remarqué dans les Alpes autrichiennes: après avoir passé les Alpes, l'air se comprime, s'échauffe et devient très violent. Le vent d'autan subit un effet de foehn identique sur le versant Nord de la Montagne Noire.

D'après Jean Odol: "Archéologie et patrimoine du Lauragais” 1995 - avec un plan très détaillé d’une borde

Bibliographie:

Pariset: "Mœurs et usages du Lauragais" 1867

Fabre: "La vie quotidienne des paysans du Languedoc au 19e siècle"

Fallou: "Le cassoulet"

Ravari-Vergnes: "La cuisine des pays d’oc et de cocagne"

Ce qui est en bleu, ce sont mes commentaires

Groupe folklorique: le Poutou toulousain

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Voyez le ruban du chapeau

Deux de mes amis ont fait partie des danseurs.... il y a presque 40 ans!

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