Ce que chez moi on appelait “la soupe au choux au gras“ est, en réalité une spécialité ariégeoise qu'ils appellent “azizat“. Chez nous, la “soupe au chou“ était la soupe fourre-tout où on mettait tous les légumes d'hiver et la volaille confite ou la charcuterie du charcutier, puisque dans les années de ma prime enfance, il y avait pas mal de boutiques où on ne vendait que de la charcuterie. On voyait aussi, sur le fronton des boutiques: triperie. Et cela ne choquait personne. Ce qui était un peu moins cher que de la viande de bœuf à bouillir. IL y avait aussi des boucheries qui ne vendait que de la viande de cheval: boucherie chevaline, le nom des boutiques.... Bien que nous fûmes que des ouvriers fauchés, nous avons eu, environ 3 fois par semaine de la "viande hachée de cheval", que nous consommions crue. Je n'arrive plus trop à en trouver.... c'est pourtant une excellente viande qui a l'avantage d'être bien moins calorique que celle du bœuf.
Perso, la viande hachée, chez moi, c'est crue: vous ne risquez aucun problème, vraiment aucun qui vous la consommez avec beaucoup de moutarde et de poivre: ces deux épices sont antibiotiques, de même que si vous mettez de l'oignon ou de l'ail. Aucun risque croyez-moi. Il faut penser à bien mélanger... s'il y a des salmonelloses ou autres bizarres invisibles saletés, vous aurez moins de problèmes si vous y mettez les épices qui précèdent que de consommer du hachis mal cuit. Je dis cela mais, je n'en mettrai pas ma main à couper.
Sauf que ce n'est pas de salmonellose cela que je suis atteinte, j'ai juste beaucoup de malchance dans la vie, suivant la tradition familiale.... il ne faut jamais faire mentir son papa qui disait que "nous, dans la famille, on peut faire ce qu'on veut, on n'a jamais de chance!"; hé, comme il a eu raison!
Voici un des recettes de “la soupe au chou“ de mon passé enfantin.
Heu… si vous croyez que je ne la cuisine plus, vous vous trompez du tout au tout! J'ai déjà dis ici: moi, pas miss micro-ondefindusienne!
C'est pour 4 ou 5 personnes
1 gros chou vert; Je trahi un peu: je n'utilise plus le chou vert qui sent un peu trop, je prends du chou chinois…. au moins, je parfume moins ma maison!
750 g de pommes de terre (on prenait des BF15 qui, en ce temps-là n'étaient lavées, toutes terreuses, elles nous obligeaient à un sacré lavage de main après épluchage.
2 saucissons de couennes; du confit de canard (4 cuisses ou 8 manchons) ou, quand on était fauchés, ce qui était hyper-l'habitude, de la poitrine de bœuf et deux gros os à moelle, deux navets et des poireaux en sus.
4 morceaux de coustellou salé (si vous mettez du fumé, c'est que vous êtes nordiste!) mais, si vous n'êtes pas bête, vous achetez du non salé, il n'y a plus de problème de conservation avec les frigos de nos jours.
C'est quoi, les coustellous? facile, cherchez dans la boîte de dialogue du blog!
1/2 fond de jambon du pays (attention, salé!); et/ou de la saucisse de foie sèche (300 g) (ça, c'est la recette ariégeoise mais nous, on mettait une carcasse de canard ou d'oie ou autre volaille, c'est-à-dire, ce qui reste lorsque toute la viande a été retirée).
2 gros oignons; 4, ou plus, carottes; 1 feuille de laurier, 4 clous de girofle
Poivre en grains mais pour le sel, attention à la charcuterie salée. Si vous ne voulez pas avoir de l'hypertension.
Coupez le tronçon du chou, séparer les feuilles et lavez le chou à plusieurs eaux, notamment s'il vient du jardin. Quand on utilise du bio, la dernière eau de rinçage doit être bien vinaigrée pour tuer les petites bestioles du jardin. Cela me fait penser aux cuisines de Marseille: les cuistots ne savaient même pas comment préparer les légumes bio!!!
Le faire blanchir 5 minutes dans de l'eau bouillante salée. Mettre dans une marmite. Si vous faites avec du bœuf bouilli, rajoutez le entier… c'est quand il est bien cuit qu'il se coupe facile, et n'oubliez pas vos os à la moelle, le bouillon sera délicieux.
Dans une sauteuse, faites dorer le confit pour récupérer la graisse, retirez à part.
Faites roussir des oignons émincés dans la graisse de canard. Rajoutez les coustellou (lavé et débarrassé de l'excès de sel), les saucissons de couennes, le fond de jambon, la feuille de laurier; couvrir de 2,5 l d'eau, poivrer et porter à ébullition.
N'oubliez pas de peler, couper en tronçon les carottes et les rajouter au bout de 2 heures, moment où vous ajoutez aussi les pommes de terre, la saucisse de foie coupée en morceaux et saisie à la poêle, le confit dégraissé.
Vous allez poser le “farci“ par-dessus et cuire encore à feu doux 10 minutes.
Après cuisson, bien dégraisser et verser le bouillon dans une soupière que vous pouvez servir tel que ou après y avoir fait cuire du vermicelle ou encore vous le versez sur du pain sec, coupés en morceaux et saupoudrés largement de fromage râpé. Du vrai râpé, pas du parmesan!
Le plus dur, c'est de récupérer le farci et de ne pas le casser; vous le posez dans un plat à part et l'ajoutez à la soupe de chou, sur les légumes, avant de servir.
En Ariège, donc, ils font une “rouzole“, je vous mets la recette plus bas. Et je vous indique le “farci“ de la “soupe au chou“ maison tout de suite.
Pour 4 ou 5: 400 g de chair à saucisse, de la mie de pain trempée, deux œufs battus en omelette, 3 cuillère à soupe de persil, 2 gousses d'ail.
Vous battez les œufs en omelette que vous versez sur la chair de saucisse, rajoutez ail, persil. Rajoutez l'ail haché, mélangez bien avec les doigts.
Versez dans une poêle très chaude et faites cuire comme une très grosse omelette sur feu moyen durant 5 mn d'un côté et vous retournez la galette de farci pour faire cuire 5 mn de l'autre côté.
Donc, vous mettrez ce farci sur la soupe au chou afin qu'elle prenne le goût du bouillon. Si vous avez peur de casser la galette, versez une ou deux bonnes louches sur la galette de farci dans la poêle et une fois le farci bien trempé de bouillon, vous le poserez –ou pas, dans un grand plat accompagnés ou non de moutarde et de cornichons de câpres,- selon votre idée- sur le plat creux de service de la “soupe au chou“.
Quant à la Rouzole ariégeoise, voici la recette.
150 g de lard, le vrai lard de cochon, 150 g de jambon cru ou on dit: jambon de pays;
3 œufs; un brin de menthe; persil; 2 grains d'ail; un bol de pain dur trempé.
Hachez et bien amalgamer tous les ingrédients pour en former une grosse galette que l'on poêle de façon à faire roussir les deux faces.
C'est la même chose que notre “farci“ familial qui lui est moins gras et vous le présentez pareil: soit dans la soupe soit dans un plat, arrosé du bouillon.
Au fait, la “soupe au chou“ avec le farci, comme je fais, je l'ai dégustée dans un café-resto familial, dans les Pyrénées, pas loin de Pau en direction de Mimizan, un jour de vacances. Quand j'ai vu cela en plat du jour, zyou, j'en ai commandé et l'on était en été!!…. Souvenez-vous de la poule au pot d'Henry IV: supprimez les diverses charcuteries et viande, mettez une poule qui a fini son travail de pondeuse et vous avez la recette du bon Roy béarnais. Vous mettez du farci ou pas, ça vous regarde! mais, vous pouvez farcir la viande, c'est aussi bien. Dans ce cas, n'oubliez pas de le faire au foie, gésier de la bête avec un peu de chair à saucisse et de bourrer la poule du farci cuit,avant de la mettre dans la marmite.
Image: la poule au pot