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société - Page 28

  • Quelle est l’"étoile" qui guida les Rois Mages vers Jésus?

    Jacques Treiner

    Physicien théoricien, chercheur associé au laboratoire LIED-PIERI, Université de Paris

    Université de Paris

    The Conversation

    En cette période de fêtes de Noël, la tradition chrétienne célèbre la naissance de Jésus. Dans cette tradition, les Rois Mages furent guidés vers Jésus par une étoile, décrite par Matthieu dans son évangile. Une enquête entre astronomie, histoire et récits bibliques pour identifier cette étoile nous réserve des surprises. Examinons les éléments du puzzle.

    Les Évangiles

    Marc écrit vers l’an 67, Matthieu et Luc autour de 80-90, et Jean peu avant l’an 100. À plusieurs décennies de distance des évènements relatés, il est normal qu’il y ait des variations. Matthieu et Luc sont les seuls qui mentionnent la jeunesse de Jésus.

    Matthieu indique que Jésus est né au temps du roi Hérode, et que des mages, alertés par l’apparition d’une étoile, sont venus d’Orient pour voir "le roi des Juifs qui vient de naître" (je cite ici Matthieu). Hérode, renseigné par les grands prêtres et les scribes du lieu de la naissance, demande à ceux-ci de trouver l’enfant à Bethléem. Les mages se remettent en route, guidés par l’étoile, trouvent l’enfant, lui rendent hommage (or, encens et myrrhe), décident de ne pas retourner vers Hérode et de rentrer chez eux. Joseph, prévenu en rêve des desseins meurtriers d’Hérode, prend l’enfant et sa mère et fuit en Égypte. Hérode, comprenant que les mages l’ont trompé, décide de faire tuer tous les enfants de moins de deux ans.

    Luc, pour sa part, indique que Joseph et sa fiancée Marie se rendent à Bethléem, la ville de David, pour se faire recenser. Le recensement est rendu obligatoire par un édit de César Auguste, empereur romain de 30 avant Jésus-Christ à 14 après Jésus-Christ, et eut lieu pendant qu’un certain Quirinius était gouverneur de la Syrie (de 7 av. J.-C. à 2 av. J.-C.). C’est là, selon Luc, que l’enfant naît, et que des bergers, gardant leurs troupeaux durant les veilles de nuit dans la région, sont avertis par un ange de la naissance et se rendent à Bethléem. Ce sont eux qui répandent la nouvelle. Notons que la date du recensement est encore controversée, d'autant que l'entreprise (“l'inventaire du monde”) prenait nécessairement plusieurs années pour être menée à terme. On pourra se reporter sur ce point à la thèse de Béatrice Le Teuff, “Census : les recensements dans l'empire romain, d'Auguste à Dioclétien”, Université Bordeaux III, 2012.

    Selon l’historien Flavius Josèphe, dans " Guerre des Juifs ", Hérode meurt peu après une éclipse de Lune visible depuis Jéricho, avant la Pâque juive qui a lieu en mars-avril. La seule date qui convienne est l’éclipse de Lune du 13 mars de l’an – 4, qui précède d’un mois environ la Pâque du 10 avril de l’an 3757 du calendrier hébraïque. Si Hérode est mort en – 4, Jésus n’a pas pu naître en l’an 0. L’ordre donné par Hérode de tuer tous les enfants de moins de deux ans indique, compte tenu d’une marge de sécurité, que la naissance de Jésus date d’environ -5 ou -6.

    En 525, le pape Jean 1er chargea un moine scythe vivant à Rome, Denys le Petit, d’une réforme calendaire. L’église chrétienne commençait à dominer le monde occidental, et Denys devait déterminer un nouveau cycle des fêtes de Pâques – les plus importantes de l’année. Denys décida de baser le nouveau calendrier sur la date de naissance de Jésus. Pour effectuer ce changement de l’origine des temps, il lui fallut placer cette date dans la chronologie du calendrier romain. Il utilisa pour cela les meilleures données, à savoir la durée de règne des empereurs.

    Mais il commit deux erreurs. D’une part, il oublia l’an zéro et passa directement de l’an – 1 à l’an +1. D’autre part, il oublia quatre années pendant lesquelles César Auguste régna sous le nom d’Octave. Cela fait au total cinq ans de décalage par rapport à notre calendrier.

    Ce n’est qu’en 1605 qu’un érudit polonais du nom de Laurent Suslyga signala l’erreur. S’il n’y a pas d’autres erreurs, Jésus est donc né en l’an 5… avant Jésus-Christ.

    Jésus est-il né le 25 décembre?

    Le Christ avec une auréole et les attributs de Sol Invictus, rayons de soleil et chevaux cabrés. Mosaïque de la nécropole sous la basilique Saint-Pierre de Rome, IIIe-IVᵉ siècle apr. J.-C. Wikipedia

    Jack Finegan, dans le Handbook of Bible Chronology, indique que la première mention du 25 décembre date de l’an 336. C’est la récupération de la fête, traditionnelle à l’époque, du Sol Invictus ou " Soleil invaincu ", puisque le solstice d’hiver marque le début du rallongement de la durée du jour.

    Un autre indice réside dans l’indication de Luc concernant les bergers. En décembre, les bergers ne surveillent pas les moutons pendant la nuit, car il fait trop froid à Bethléem qui est à 800 mètres d’altitude. Les bêtes sont remises à paître au printemps, et c’est aussi à cette époque de l’année, où naissent les agneaux, que la surveillance doit être continue. Jésus est donc probablement né en avril ou en mai.

    Dans l’" Adoration des Mages " (1302-1304) qui se trouve dans la Chapelle Scrovegni à Padoue, Giotto a peint une comète. C’est probablement la comète de Halley, qui fut visible en 1301 – et c’est en hommage à cette observation de Giotto que la sonde envoyée par l’Agence Spatiale Européenne à la rencontre de la comète de Halley en 1986 fut nommée Giotto.

    La Cappella degli Scrovegni, appelée aussi Église de l’Arena de Padoue. Andrea Piroddi, Wikipedia, CC BY-SA

    Mais cette comète n’est pas un bon candidat. En effet, la comète de Halley revient périodiquement, tous les 76 ans. Elle fut observée du 26 août au 20 octobre de l’an – 12 par des astronomes chinois, qui consignèrent l’observation (cf. Wen Shion Tsu, " The observations of Halley’s comet in Chinese history ", Popular Astronomy, vol. 42,‎ 21 mars 1934, p. 191-201). Cette date ne colle pas avec la date de naissance de Jésus.

    David H. Clark et F. Richard Stephenson présentent dans leur ouvrage The Historical Supernovae le catalogue de toutes les novae et supernovae observées avant l’invention du télescope. La plupart de ces observations, qui s’étalent entre – 532 et l’an 1604, sont dues aux astronomes chinois.

    Les novae sont des étoiles dont la brillance augmente très rapidement pendant quelques jours avant de reprendre une valeur normale ; les supernovae sont des étoiles massives qui terminent leur vie en une explosion qui peut les rendre aussi brillantes qu’une galaxie pendant quelques semaines, et qui donnent naissance à une étoile à neutrons ou un trou noir. Parmi les 75 évènements répertoriés par Clark et Stephenson, 8 sont antérieurs à l’année 0 : printemps -532, août-septembre -204, juin-juillet -134, octobre-novembre -77, mai-juin -76, mai -48, juin-juillet -47, et enfin, en mars-avril de l’an -5 !

    Cette dernière a été visible pendant plus de soixante-dix jours, et sans mouvement apparent dans le ciel. Le printemps, ça colle ! Voilà donc le bon candidat pour l’étoile de Bethléem : l’explosion d’une étoile massive en fin de vie ! S’il a existé, Jésus est donc né au printemps de l’an – 5 avant… lui-même.

    D’autres croisements entre évènements naturels et récits mythiques

    Lorsque des textes religieux ou mythiques relatent des évènements naturels extraordinaires, on peut se demander si, au-delà du sens qui leur sont donnés dans le récit, ils ne font pas partie d’une mémoire collective ayant enregistré des phénomènes réels. Ce n’est certes pas toujours le cas : ainsi, lorsque le récit biblique nous apprend que Josué a commandé au soleil et à la lune d’arrêter leur course dans le ciel, le temps que son armée vainque ses ennemis à Gabaôn et dans la vallée d’Ayyalôn, il n’est pas nécessaire (aujourd’hui) de chercher une logique autre que littéraire à l’affirmation selon laquelle " le soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d’un jour entier retarda son coucher " (Livre de Josué). Je précise " aujourd’hui ", car l’argument fut utilisé par l’Église catholique au XVIe contre l’héliocentrisme de Copernic : si la Terre tournait autour d’un soleil fixe, la prière de Josué n’aurait pas de sens.

    Mais prenons le cas du déluge. On retrouve un évènement dans la Bible, et aussi dans l’épopée d’Atrahasis (datant probablement du XVIIIe siècle av. J.-C.). Atrahasis est le héros sumérien équivalent de Noé. Dans la Bible, Yahvé se repend d’avoir créé une humanité dont il constate qu’elle est " méchante " et que son cœur " ne forme que de mauvais desseins à longueur de journée ". Dans l’épopée d’Atrahasis, les Anunnaku, dieux sumériens, trouvent que les hommes font trop de vacarme, et leur roi Enlil se plaint de ne pouvoir dormir tant ils sont bruyants. Les motivations pour se débarrasser de l’engeance humaine sont donc différentes dans les deux récits, mais les deux déluges sont très voisins – jusqu’au détail des oiseaux envoyés en reconnaissance quand les pluies s’arrêtent. Comment ne pas penser que cette montée des eaux emprunte à celle qui a suivi la fin de la dernière époque glaciaire, voici 20 000 ans? Le niveau des mers est monté de 120 mètres en quelques milliers d’années, et des effets de seuil comme le déversement de la Méditerranée dans la mer Noire a dû laisser des traces dans les populations locales, jusqu’à ce que les grands auteurs de l’époque s’en emparent et y inscrivent leurs épopées!

  • Salade de Pois chiches au thon

    Si vous êtes fauché-es et ne pouvez acheter souvent de viande, vous trouverez des protéines bonnes pour votre corps dans cette salade pas chère

    On compte 15 g de protéines dans100 g de pois chiches. C’est une très bonne source de magnésium, de fer, de vitamine B6, d’acide folique et de zinc, en plus de regorger de fibres

    Thon

    Une boîte de 142 g contient 32 g de protéines tout en ne faisant que 140 calories.

    Vous achetez des pois chiches déjà cuits en BOCAUX DE VERRE, rincez-les abondamment sous l'eau courante. Vous secouez bien votre passoire pour retirer le plus possible d'eau; un papier absorbant dans un saladier et mettre les pois chiches.

    Ouvrez la boîte de thon AU NATUREL et rincez abondamment sous l'eau courante avant de mettre en passoire; défaites le thon en morceaux avec vos mains propres, posez un papier absorbant dans un saladier et mettre le thon émietté.

    Quand l'eau a disparu, retirez le papier et reversez dans le saladier en verre avec le thon: bien mélanger.

    Faites une vinaigrette avec huile de noix et vinaigre dans la proportion d'un pour trois cuillères d'huile. Salez et poivrez à convenance. Pour ceux qui aiment, ajouter une cuillère de moutarde plus ou moins forte (la mienne est maison et assez piquante).

    Saupoudrez de persil ciselé ou d'aneth ou coriandre fraîche.

    Vous pouvez rajouter une tomate pas trop mûre coupée en brunoise ou des poivrons aussi brunoise, etc...

  • Touche pas à mon accent!

    Le député LREM de l’Hérault veut faire passer une loi contre la discrimination par l’accent

    Le député de l’Hérault Christophe Euzet (LREM) a déposé un projet de loi contre la discrimination par l’accent qui sera examiné le 26 novembre à l’Assemblée nationale. Pour l’élu du sud, chaque déplacement à Paris donne lieu à des réflexions. Celui qui a l’accent du sud est vu comme “un mec sympa avec qui on boit l’apéro mais qui n’est pas là pour parler de choses sérieuses“, confie-t-il au journal L’Indépendant.

    Avec cette loi, Christophe Euzet veut instaurer un délit pénal dans le cadre de l’article 225 du Code Pénal pour la discrimination par l’accent. Dix-huit député soutiennent le texte présenté parmi eux Sylvia Pinel, ancienne ministre déléguée à l’Artisan et au Commerce au sein du gouvernement Jean-Marc Ayrault.

    Quand Jean Castex a été nommé Premier ministre en juillet dernier, il était inconnu du grand public. Le maire de Prades, commune moyenne des Pyrénées-Orientales était jusque là le “monsieur déconfinement” du gouvernement. L’Elysée l’a présenté comme “un haut fonctionnaire complet et polyvalent qui aura à cœur de réformer l’Etat et de conduire un dialogue apaisé avec les territoires”. Mais très vite le nouveau Premier ministre a été la cible de moqueries… à cause de son accent. Un accent chantant et un phrasé très lent, découpant chaque syllabe. […]

    Normal: on nous a bien appris à parler le VRAI Français et pas le goubli-boulga dont nous bassinent tous les parigots, bobos et soit-disant élites de la France!

    acru.orange

  • Trouvez les fautes d'orthographe…

    Ce magasin m'a demandé de répondre à un questionnaire de satisfaction…

    Voici la réponse…

    Pas doué le directeur!

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    Géant TOULOUSE FENOUILLET

    Hier à 18:00

    Bonjour madame ….

     Merci de votre évaluation qui fera je n'en doute pas plaisir a l'ensemble des collaborateurs du magasin surtout dans ces moments compliqués. Je ne manquerai pas de leur dire.

    Je voulais aussi m'excuser pour les fais signaler . Je ferai passer le message au service concerné afin qu'il en tienne compte . Sachez que nous faisons chaque jour le maximum pour satisfaire nos clients, mais votre message nous invite a poursuivre nos efforts. Je vous souhaite une bonne soirée

    Cordialement,

    B.

  • Viens voir les Toulousains...

    Toulousains (bis), pleins d'entrain (bis), nous sommes une joyeuse troupe…

    Dégourdis (bis),  bien bâtis (bis), on s'amuse, on s'amuse, sans jamais s'lasser!

    (chanson de toujours…). Bref, à Toulouse, on est les Meilleurs des meilleurs, chef!

    Comment lutter contre la haine et les fausses informations sur les réseaux sociaux?

    La technologie peut-elle aider à régler les problèmes qu'elle a elle-même causés? Plusieurs entreprises tentent aujourd'hui d'inventer des techniques automatiques de veille et de filtrage des contenus. C'est le cas de la startup toulousaine, Predicta Lab.

    franceinfo : comment votre technologie permet-elle de limiter la haine et les infox sur les réseaux sociaux?

    Baptiste Robert, fondateur de Predicta Lab : L’idée est de récupérer de la donnée de tous les réseaux sociaux, de l’analyser et de créer des alertes en fonction de ce qui est découvert. Cela peut-être de la haine en ligne, du harcèlement ou encore un événement en cours. Nous sommes en mesure de capter toute agitation sur un réseau à base, notamment, d’analyse sémantique.

    Quels types de contenus pouvez-vous détecter?

    Nous détectons, très rapidement, des faits de violence et de harcèlement en ligne. J’ai pu voir récemment une vidéo de femme en train de se faire battre par son mari et des flots de commentaires haineux en dessous. Il y a des gens qui passent leurs soirées, de 18 heures à minuit, à insulter les autres sur Internet. Ces contenus peuvent être captés par nos algorithmes.

    À qui s’adresse votre solution?

    Notre solution peut intéresser les médias, qui ont besoin de surveiller l’actualité. Elle peut intéresser également les autorités, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ou la haine en ligne, mais aussi pour détecter des catastrophes. Enfin, cela intéressera les entreprises pour tout ce qui touche à la e-réputation et à la gestion de crises en ligne. Nous sommes d’ores et déjà en contact avec plusieurs organismes intéressés.

    La technologie est-elle la solution miracle à la haine en ligne?

    La technologie n’est pas magique. Elle a beaucoup de mal à capter la nuance. En revanche, nous pouvons détecter facilement des propos directs manifestement violents. Déjà, si on arrivait à enlever tout cela des réseaux sociaux, ceux-ci seraient un peu plus apaisés.

    Source:

  • J'ai été ce que vous êtes, vous serez ce que je suis!

    Plutôt que du covid-19, les personnes âgées mourront plus facilement de dépression aiguë due à la solitude implacable du confinement, de tristesse de ne plus voir personne, de ne plus parler à âme qui vive tout simplement.

    Elles mourront aussi de diminution de leur autonomie du fait de toutes les restrictions dans leurs déplacements. La promenade chaque jour est un impératif pour celles qui sont encore valides.

    Dans les Ehpad déshumanisés, car trop aseptisés, la maltraitance des personnes âgées ne consiste pas seulement à les laisser longtemps dans des couches souillées, à déposer les plateaux repas devant leurs portes, à les piquer au Rivotril, à refuser de les transférer à l’hôpital sous prétexte que les soins sont lourds.

    Elle consiste aussi à faire insidieusement le vide autour d’elles. Pourtant seules les interactions les maintiennent en vie. Ce qui est vrai pour tout le monde.

    Dans certaines maisons de retraite, pourtant au prix exorbitant, on refuse de laisser les personnes âgées handicapées prendre leur déjeuner dans le restaurant de la maison, car la vue d’un déambulatoire ou d’un fauteuil roulant pourrait choquer les valides. Cachez-moi ces vieilles personnes que je ne saurais voir.

    Cette vieille dame dans un Ehpad a de la famille, qui habite tout près et qui pourrait facilement venir la voir plusieurs fois par jour. Mais voilà, l’Ehpad a suspendu temporairement toute visite.

    La vieille dame est toute seule dans sa chambre, elle ne lit plus car ses yeux sont mauvais, n’écoute pas la radio car elle entend mal, ne regarde pas la télévision. Elle a les yeux fixés sur la porte en attendant qu’elle s’ouvre sur n’importe qui ou n’importe quoi.

    Même le divertissement au sens pascalien lui est interdit.

    Fixer la porte, c’est son unique occupation, en attente de visites qui ne viennent pas. Si elle ne commence pas à avoir des visions, des hallucinations, car fixer toujours le même point y est propice, elle aura de la chance.

    C’est son fils déjà à la retraite qui le relate. Il est catastrophé. Un ami lui a dit qu’il fallait qu’il s’impose car nul n’a le droit de l’empêcher de voir sa mère et il ne doit pas se laisser faire. Mais il ne sait pas ce qu’il va décider. Il a une forme de soumission.

    Ce n’est pas étonnant avec le matraquage des médias. Il a peur de s’imposer dans l’Ehpad. Peur du "qu’en-dira-t-on". Peur de pulvériser la quiétude ouatée des lieux. La quiétude sur ordre, qui dissimule un certain nombre de scandales.

    Dans ce couple, le mari approchait des 90 ans et était depuis bien avant le covid dans un Ehpad, il avait une "longue" maladie. Depuis le covid, son épouse de 86 ans le voyait seulement une heure par semaine. Alors tous les jours elle allait le voir au pied de sa fenêtre, par tous les temps, ce qui parfois représentait un exploit pour cette frêle vieille dame marchant avec difficulté.

    Le jour de la mort de son mari, elle a pu aller le voir, mais elle n’avait pas le droit de le toucher. Il lui a demandé de l’embrasser, mais on le lui a interdit. Il est mort l’heure d’après. De quel droit le personnel soignant s’est-il introduit en gendarme dans l’intimité de ce couple ?

    Le souvenir le plus récent qu’elle ait de lui, c’est une photo prise en cachette des infirmières, une photo volée, où ils se tiennent par la main. Un couple qui a plus de soixante ans de mariage et qui est contraint de se dissimuler.

    Il est vrai que la mort est escamotée à notre époque. Il ne fait pas bon en parler, encore moins la montrer. Et pourtant ce serait apaisant pour tous de la regarder en face. De pouvoir l’évoquer. Une attitude de vérité, une attitude d’hommes et de femmes debout.

    Il serait tellement plus humain de prendre son temps pour saluer la personne juste après son décès. Mais maintenant, la législation l’interdit. Une amie a perdu son mari d’une crise cardiaque, chez eux. Dans l’heure, les services ad hoc sont venus kidnapper le corps, l’envelopper dans une housse étanche et l’enfourner dans une ambulance en direction du funérarium. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle était dépossédée de son mari.

    Dans les hôpitaux, les maisons de retraite, l’habitude des soignants est de dissimuler le corps sous des cartons et de le sortir en cachette de sa chambre.

    Je me souviens du décès d’une vieille tante. Ses proches voulaient lui faire un dernier adieu dans sa chambre. Ils ont dû se lever à quatre heures du matin pour la voir avant six heures du matin car à six heures on la dissimulait sous un empilement d’oreillers et on l’escamotait par une porte arrière avant le réveil des autres vieilles personnes.

    Pour ses proches déjà âgés eux-mêmes, ce dernier rendez-vous, quasi nocturne, avait été extrêmement difficile à avaler.

    Chuut, il ne fallait rien savoir, rien montrer de son décès, il ne fallait rien en dire. Encore moins l’annoncer aux autres malades, cela leur aurait, prétend-on, cassé le moral. Ce qui n’est pas prouvé. Comme si refouler l’idée de la mort, la faire disparaître de l’inconscient personnel ou collectif, la supprimait.

    Mais Épicure ne disait-il pas: "tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et quand la mort est là, nous ne sommes plus ".

    On doit toujours pouvoir dire la vérité, et connaître la vérité ne peut que nous dynamiser.

    À Montpellier, raconte Marie de Hennezel dans son dernier livre "L’adieu interdit", on fait au contraire une haie d’honneur aux personnes qui viennent de décéder. Ce qui réconforte ceux qui restent. Car pourquoi ce tabou sur la mort? Les personnes âgées savent bien qu’elles vont mourir, ce n’est pas la peine de leur mentir ni de se mentir.

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