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  • Le consommateur est rendu de plus en plus coupable de ses choix.

     

    Par Phoebe Ann Moses

    Il y a peu, le directeur scientifique du WWF, Christophe Roturier, donnait dans plusieurs interviews quelques consignes concernant la protection de la planète. Il est en effet bien dans ses attributions d’expliquer aux gens ce qu’ils peuvent faire concrètement pour éviter de polluer, ou améliorer leur environnement. Mais dans les préconisations de ce monsieur, le couperet est tombé: "il faut manger moins de viande". Le lecteur passé à côté de l’information écologique de l’année ne verra pas forcément le rapport. La planète vit à crédit depuis quelques jours. C’est-à-dire, suivant le calcul savant de certains scientifiques, que l’humanité consomme plus que la planète ne peut produire. On passera sur l’incommensurable bêtise de cette affirmation qui ne se vérifie pas dans les poubelles occidentales ni dans le fait que jusqu’à Noël vous ne puissiez plus trouver de nourriture. Non. Mais si vous mangez de la viande, il vous faut savoir que l’élevage des bêtes "consomme" beaucoup plus de CO2 que la culture de la salade verte. Donc la viande, c’est mauvais pour la planète.

    Cette affirmation raccourcie et culpabilisante ne serait qu’une lubie de plus des écologistes si elle n’empiétait cette fois gravement sur les choix personnels de l’individu. Car si l’on suivait à la lettre toutes les recommandations (trier ses déchets, manger moins de viande…) le niveau de pollution baisserait inexorablement. C’est loin d’être le cas. Pendant que nous trions consciencieusement nos bouteilles en plastique pour faire des pulls en laine polaire, au large de l’Afrique les plates-formes pétrolières nettoient leurs tubes d’extraction de pétrole directement dans l’océan.

    C’est sûr que notre ego se satisfait d’aller enfourner les objets dans le " container bonne conscience ", en imaginant tous les petits pulls créés de façon éthiquement correcte. Mais il n’est pas certain que la planète se portera beaucoup mieux avec les petits gestes occidentaux noyés dans l’océan de la pollution et de la consommation mondiales.

    Le consommateur dans les rayons du supermarché tendra donc dorénavant une main tremblante vers le café produit en exploitant les pauvres, vers le bœuf qui nuit à toute la planète, vers le jean fabriqué en Chine par des petits enfants, vers les biscuits fabriqués par d’ignobles entreprises capitalistes, ou vers le pot à base de noisettes en voie d’extinction. Tout un programme de culpabilisation envers le monde moderne, bien arrangeant dans une période de crise. Tout à fait raccord quand il s’agira de disette. Le socialisme veut l’égalité. Tout le monde ne peut pas être riche, mais on peut faire en sorte de cadrer les choix du consommateur. Modeler politiquement son esprit, puis modeler ses choix d’achat.

    Votre frigidaire débarrassé de sa viande, ne comptez pas que cela va s’arrêter là : Marisol Touraine, qui signe des lois toutes plus consternantes les unes que les autres, souhaite apposer sur les aliments des pastilles de couleur qui permettront au consommateur d’identifier la qualité de ce qu’il mange. Pas de chance, dans son enthousiasme hygiénique, Madame le ministre vient de décréter que le chocolat allait obtenir une pastille rouge. Voilà ce qui se passe lorsqu’on veut simplifier à outrance la vraie vie : on ne tient compte que de la teneur en sucre ou en gras, et on fait tomber le chocolat dans la catégorie des indésirables.

    Chocolatier voit rouge

    On peut supposer que d’ici peu, Marisol Touraine va reclasser le chocolat dans une catégorie moins rédhibitoire (orange? La taxe reversée par les fabricants sera moindre?) et que les consommateurs auront bien compris que finalement tout cet étiquetage coloré n’est que politique, taxes et bien-pensance. L’idée de départ, venant peut-être d’une bonne intention va se transformer immédiatement en ridicule, et ira rejoindre ses innombrables semblables: le CICE, le choc de simplification, l’ABCD de l’Égalité…

    Nous étions déjà abreuvés de la "modération" avec laquelle il faut boire de l’alcool, du soda, manger du gras, du sucre, du sel. Voilà maintenant que se profilent les recommandations culpabilisatrices. On n’attend pas du consommateur qu’il soit responsable, mais seulement coupable. À quand les interdictions franches de consommer en toute liberté ce qui nous plaît?

  • Bon, alors: fèves, pois ou pois chiches dans les premiers cassoulets?

    Le pois chiche est certainement originaire du Proche-Orient (sud-est de la Turquie, terres arméniennes, Syrie) où trois espèces annuelles sauvages de pois chiches existent encore.

    On dit souvent que le pois chiche a conquis l’Europe durant le Moyen Âge après que les croisés l’eurent découvert au Proche-Orient-il est alors appelé "pois cornu". Mais sa culture et sa consommation sont en réalité attestées bien avant, au moins dès le IXe siècle, par des sources écrites et archéologiques.

    Il est consommé chaud ou froid (en salade), mais le plus souvent consommé comme l'un des "légumes" du couscous ou des ragoûts, potées, kormas, potages et estouffades, ou, après avoir été écrasé, sous forme de houmous (ou houmos) ou falafel. Ces deux recettes traditionnelles des pays méditerranéens sont intéressantes pour la santé.

    Sous forme de farine, il entre dans la préparation de plats comme la socca, typiquement niçoise, ou les panisses (recette niçoise mais aussi marseillaise, consistant à préparer de la pâte, moulée dans un récipient circulaire, puis à découper le disque obtenu en tranches épaisses -quelquefois en dés-, que l'on plonge ensuite dans la friture), ou encore les “panelle“ de Sicile.

    Les panelle, sont une des spécialités gastronomiques "de rue" de la province sicilienne de Palerme, également diffuses dans celles de Trapani, Agrigente et Caltanissetta. Elles sont préparées en cuisant de la farine de pois chiches et de l'eau salée, pour former une pâte dense qui est aussitôt étalée à chaud en une fine couche de quatre à cinq millimètres sur un support lisse en bois ou de marbre. Refroidie, la pâte est découpée en rectangles ou en disques d'une dizaine de centimètres de diamètre, qui sont passés dans une friture chaude. On sert habituellement trois ou quatre de ces beignets au milieu de petits pains ronds et frais aux graines de sésame, avec un peu de sel et éventuellement quelques gouttes de citron.

    Le pois est cultivé depuis l'époque néolithique et a accompagné les céréales dans l'apparition de l'agriculture au Proche-Orient. Il était dans l'Antiquité et au Moyen Âge un aliment de base en Europe et dans le bassin méditerranéen; l'association du pois, ou de la fève, et du blé procurant une alimentation équilibrée notamment en protéines (à l'instar de l'association haricot-maïs chez les Amérindiens). De nos jours, sa culture est pratiquée dans les cinq continents, particulièrement dans les régions de climat tempéré d'Eurasie et d'Amérique du Nord.

    Le pois est une plante très anciennement cultivée dans l'Ancien monde puisque sa culture a vraisemblablement commencé il y a environ 8 000 ans dans la région du Croissant fertile, dans le même processus que certaines céréales (blé, orge) et d'autre légumineuses (vesce, lentille). On a découvert dans des sites archéologiques du Néolithique de la Grèce à l'Irak entre 7 500 et 5 000 ans avant Jésus-Christ, des restes provenant soit de plantes de cueillette, soit de plantes domestiquées.

    Par la suite, sa culture s'est diffusée vers l'ouest (Europe) et vers l'est (Inde). On en trouve trace notamment dans le site archéologique de Troie, en Europe centrale (vers -4 000 ans), en Europe occidentale et en Inde (vers -2 000 ans)17. Des restes de pois ont été retrouvés notamment dans des habitats lacustres du début de l'âge du bronze en Suisse et en France (lac du Bourget).

    Le pois était cultivé dans l'Antiquité par les Grecs et les Romains. Il est notamment cité par Théophraste dans son Histoire des Plantes au IIIe siècle av. J.-C., puis par Columelle (De re rustica) et Pline dans son Histoire naturelle écrite vers l'an 77 de notre ère. Selon Columelle, le pois était semé, comme les autres légumineuses, à l'équinoxe d'automne, en "terre meuble et légère".

    Le pois sec est un aliment traditionnellement important dans certains pays, notamment le sous-continent indien et l'Éthiopie, mais il est relativement délaissé comme féculent et comme source de protéines dans la plupart des pays occidentaux, où il est désormais principalement cultivé pour l'alimentation animale ou pour l'exportation.

    Depuis le XVIIe siècle, le petit pois est devenu un légume frais très prisé, dont la consommation à longueur d'année est favorisée par les techniques de conservation et de surgélation.

    Vers l'an 800, sous Charlemagne, le pois est cité sous le nom de pisos mauriscos parmi les plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis. Ce sacré Charlemagne il nous a laissé le mythe de la Dame Carcas –à savoir dans une autre note.

    Les pois secs, faciles à conserver, constituent tout au long du Moyen Âge l'une des principales ressources alimentaires des classes pauvres. Ils sont souvent cuisinés avec du lard.

    Un vieux quatrain paysan rappelle leur importance :

    " Qui a des pois et du pain d’orge,

     Du lard et du vin pour sa gorge,

     Qui a cinq sous et ne doit rien,

     Il se peut dire qu’il est bien."

    Dans le “Viandier“ de Taillevent, qui remonterait au XIIIe siècle, se trouve la recette de la “crétonnée de pois nouveaux“, potée épaisse aux pois ; cependant, les "pois nouveaux" dont il est question ne seraient pas encore les "petits pois".

    L'introduction du pois dans le Nouveau Monde a été faite pour la première fois à Saint-Domingue par Christophe Colomb lors de son premier voyage en Amérique.

    La consommation des gousses entières (pois mangetout ou pois gourmand) est attestée depuis le XVIe siècle aux Pays-Bas et en France. Le mangetout est mentionné par Jean Ruel dans son ouvrage De Natura Stirpium libri tres publié en 1536.

    La consommation du petit pois (grain vert frais) s'est développée en France à l'époque de Louis XIV. C'est le 18 janvier 1660 que le sieur Audiger (ou Audiguier), officier de bouche de la comtesse de Soissons, présenta à la cour du roi Louis XIV, des pois verts en gousse rapportés d'Italie. Ils furent écossés et préparés à la française pour le roi, la reine et le cardinal et ce fut le départ d'une mode qui fit fureur à la Cour, flattée par la précocité du produit. Madame de Sévigné écrira plus tard, en mai 1696:

    " Le chapitre des pois dure toujours : l'impatience d'en manger, le plaisir d'en avoir mangé, et la joie d'en manger encore, sont les trois points que nos princes traitent depuis quatre jours. Il y a des dames qui après avoir soupé avec le roi, et bien soupé, trouvent des pois chez elles pour manger avant de se coucher, au risque d'une indigestion: c'est une mode, une fureur, et l'une suit l'autre."

    Au XVIIIe siècle, le poète irlandais Oliver Goldsmith, qui voyagea à plusieurs reprises en France, s'en prit à la cuisson des petits pois "à la française", qu'il accusait dans ses lettres de toxicité. Pauvre type! mais, paix à ses cendres!

    Note écrite avec les infos prises sur: http://fr.wikipedia.org/wiki/Pois

    Bien sûr, vous aurez l'occasion de trouver ici, sur mon blog des tas de recettes de légumineuses.

    A SUIVRE…

     

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    "On a toujours besoins de petits pois chez soi!"

     

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    Je vous raconte l'histoire de Pipiou une autre fois

  • Langue de bœuf à la mode de quand j'étais petite

    Pour 5 à 6 personnes: 1 langue de bœuf; 3 à 5 carottes; 2 litres de bouillon et 1 verre de vin blanc sec ou plus si vous êtes riche; 1 grosse boîte de champignons de Paris en boîte; 2 oignons; 2 cotes de céleri, 1 cuillère à soupe de farine ou maïzena; quelques câpres nature; 150 g ou plus d'olives vertes en saumure; thym, laurier, clous de girofle, sel, poivre, baie de genièvre facultatif; cerfeuil haché; persil frais ciselé

    Lavez la langue de bœuf; plongez là dans une grosse marmite d'eau froide pour la blanchir  avec thym, laurier, clous de girofle et amenez à ébullition, écumez souvent; faites blanchir un quart d'heure à feu moyen; laissez refroidir dans de l'eau fraîche; pelez la langue, cela peut sembler fastidieux mais pas d'inquiétude, cela se fait facilement, sans forcer!

    Coupez la langue en morceaux de 4 cm ou plus si vous voulez; mettre à cuire une heure trente dans le bouillon avec céleri en branche, carottes en rondelles; rajoutez champignons de Paris rincés; les câpres, les olives vertes; versez le vin blanc; faites cuire 10 mn; coupez l'oignon en brunoise et faites-le roussir dans le dernier quart d'heure de cuisson dans une poêle à haut bord ou sauteuse; saupoudrez de la farine et aussitôt, mouillez aussitôt d'une louche de bouillon; remuer et rajoutez dans la marmite; poivrez et salez selon le goût; laissez mijoter longtemps; servir saupoudré de persil frais ciselé ou de cerfeuil haché.

    Servir avec des pommes de terre, du riz ou autres légumineuses.

    Du bon, du solide, du roboratif comme on avait chez nous!

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    ici, les morceaux sont assez gros; je trouve qu'il vaut mieux découper en plus petits morceaux lorsque l'on a des enfants jeunes car ils pourraient demander: mais, c'est quoi?! j'en veux pas...

    Pourtant, la viande est archi-tendre, un vrai délice et ce plat n'est pas cher du tout. Comme vous le savez, la langue fait partie de ce qu'on nommait autrefois "produits de triperies"...

    Mais, combien reste-t-il de vrais charcutiers en France?

    Au cas où vous en douteriez, c'est par des plats charcutiers que les gens du coin consomment souvent que l'on nous accorde le droit d'être les gens qui ont presque autant de durée de vie que les Japonais! et oui, le french paradox: ce ne sont pas les toqués de la toque qui peuvent le revendiquer... c'est réservé aux gens des territoires du midi qui mangent de tout, sans rechignier devant la lenteur de la cuisson!

    Et pourquoi Toulouse est la ville préférée des gens qui veulent se planquer au soleil du Midi dès que la retraite fut venue? parce que notre Ville Rose est splendide, oui! mais, question cuisine, ah lala!

    Faites-vous inviter à leur table par de vrai(e)s Toulousain(e)s... ceux qui sont nés ici et qui peuvent vous donner l'adresse de maman et mamie, dans tel quartier de Toulouse.... les nouveaux arrivants, ils bouffent comme à Paris: chichiteux... navrants de bêtises et d'anneries fastfoodiennes...

    vous saurez ainsi comment ils se régalent des bons produits locaux, sans la chichiterie et la forfanterie des cuisiniers imbu de leur personne....

     

  • De la philo de l'oie et du foie gras...

    Voici à propos de l’oie et du foie gras un passage d’un livre, paru en 1862, l’Ancienne Alsace à table, qui illustre bien la vision du monde qui aboutira à la monoculture, aux parcs d’engraissement et à l’obésité du XXe siècle. L'animal y est décrit comme une machine:

    "Que l'oie grasse continue son rôle important, je ne m'en plaindrai pas. Tous les goûts sont respectables, même celui-là. […] Cela ne prouve rien. Mais l'oie a droit à nos plus solennels hommages si nous ne voyons plus en elle que l'admirable machine (sic) qui élabore et produit la succulente substance connue sous le nom de foie gras. Ne reportez pas votre reconnaissance à la nature (resic) ; elle n'est pour rien dans le miracle. La nature a créé ce viscère pour séparer le sang de la bile, rien de plus. C'est l'homme, c'est la civilisation, qui a su en faire des pâtés dont la puissance a tant influé sur le destin des empires. La vapeur n'est rien ; mais Papin l'enferme et le monde est changé. Qu'est-ce qu'un fil de cuivre? Une tringle de métal inerte : mais allongez ce fil et vivifiez-le par l'électricité, il dira à l'autre bout de la terre votre pensée à peine achevée. Il en est de même de l'oie. L'animal n'est rien ; mais l'art de l'homme en a fait un instrument (reresic!) qui donne un résultat délicieux, une espèce de serre chaude vivante où croît le fruit suprême de la gastronomie. "

    il y a quatre ou cinq siècles, où l’homme n’avait pas encore pris le contrôle de l’élevage et la reproduction des animaux de la ferme : porcs, mouton, chèvres, vaches, poules, canards, oies. Il était l’ami de ses bêtes plutôt que leur maître, il les connaissait, les nommait, les aimait, il assurait leur sécurité et les guidait vers les lieux où ils trouveraient leur nourriture préféré. Une fois devenu leur maître, il a accru leur rendement, ce qui lui a permis de nourrir un plus grand nombre d’humains mais il n’a su le faire qu'en les traitant comme des esclaves d’abord, puis comme des machines : nous avons évoqué le gavage des oies mais les parcs d’engraissement, pour le bœuf et le mouton sont une autre forme de gavage, une autre façon de réduire ces animaux à une passivité qui les rend stupides : leur plaisir et j'oserais dire leur honneur est de chercher par monts et par vaux l’herbe dont ils ont le goût et le besoin à tel moment de l’année ou du jour. On les bourre plutôt de céréales, de maïs surtout, alors que ce sont des herbivores, leur viande devient ainsi plus grasse, leur immobilité dans le confinement les expose aux maladies et aux médicaments. L’effet boomerang ne se fait pas attendre : l’espace humain du voisinage devient lui aussi un parc d’engraissement.

    Un animal heureux, libre, adapté à son environnement vous donnera une nourriture plus saine qu'un animal traité comme une machine. Aucun berger, aucun porcher, aucun vacher, aucun chevrier n’en a jamais douté.

    Pour se préparer à l’hiver ou à la migration, les oies ajoutent des réserves de gras à leur organisme. Si à ce moment elles sont heureuses et si elles ont abondance de nourriture autour d’elles, de glands en particulier, elles deviendront plus grasses et leur foie grossira en s’entourant lui-même d’une épaisse couche de gras, ce qui le distingue du foie des oies gavées, lequel est pur gras. Un des signes à quoi on reconnaît  des oies domestiques heureuses, c’est que les oies sauvages de passage se joignent souvent à elles. On imagine mal un sanglier désirant partager le sort de ses cousins entassés dans une porcherie sans fenêtres. On imagine plutôt l’un ou l’autre de ses cousins profitant de la moindre occasion pour s'évader de sa prison.

    Une vache a réussi un exploit semblable au Missouri en 1998. Elle s’est enfuie d’un abattoir situé près de Smithville Lake, courant dans les rues, empruntant la voie ferrée à l’occasion, pour enfin se jeter dans le lac qu'elle a traversé sans hésiter, telle une championne du triathlon. J’ai trouvé le récit de cette héroïque évasion dans un livre à lire immédiatement avant ou après cet article : The Third Plate, Eating animals, par Jonathan Safran Foer[5], lequel a ce mot à faire rêver bien des humains : "At the very least, she seemed to know what she was swimming from. (Le moins qu'on puisse dire,  c'est qu'elle savait qu'elle nageait vers la liberté).

     Dans la grande balance planétaire, l’élevage et l’agriculture industriels ont mis sur un plateau le burger et ses protéines à la portée de milliards d’êtres humains, mais à un triple prix:  un junk food qui provoque l’obésité, des monocultures et des produits chimiques qui appauvrissement les sols et les exposent à l’érosion et enfin une émission de gaz à effet de serre,  cause d’événements extrêmes de plus en plus coûteux.

    Comment se protéger, nous, pauvre de nous; allons voir les gens qui nous nourrissent de plus près: une solidarité accrue entre le gastronome, le chef et le paysan, puis entre le paysan, sa terre et ses animaux, le tout soutenu par la conviction que l’homme a encore tout à apprendre de la nature. Mais ici aussi, il y a un triple prix à payer: un choix limité aux produits des saisons et des lieux, une plus grande part du budget familial consacré à la nourriture, une réduction de la consommation de viande, au profit des céréales, des légumes et des fruits.

    Connaissez-vous le courant du biomimétisme? école de pensée selon laquelle la plus fine technologie, celle dont les hommes auront besoin pour survivre sur la planète, résulte d’une meilleure compréhension de la nature et d’une plus grande obéissance à ses leçons. Commencez donc par observer les animaux pour savoir ce qu'ils aiment manger. Il y a plus de vraie science dans cette attitude que dans celle qui consiste à imposer aux animaux une nourriture et un mode de vie à partir de considérations exclusivement économiques.

    Si vous êtes incapables d’aimer la terre et les bêtes pour elles-mêmes, respectez-les donc par amour pour vos frères humains. Dis-moi comment tu traites ta terre et tes animaux et je te dirai comment tu traites tes semblables. Il y aura toujours des exceptions à cette loi et on ne pourra jamais en donner une démonstration mathématique. Il reste qu’une multitude de faits la corroborent.

    Heureusement, il y encore même en Europe des bergers et des chevriers qui paître leurs bêtes en liberté, qui les soignent et les aiment.

    Il est bon aussi de rappeler à nos contemporains l’importance de la culture et du temps, de la lenteur Un aménagement où doivent vivre les bêtes de ferme, en harmonie avec la nature ne s’improvise pas. Plutôt que de se substituer aux cultures et à la nature, la techno-science devrait humblement  se mettre à leur école et à leur service. L’asepsie a permis par exemple de porter le fromage fermier à un plus haut degré de perfection. Voilà un vrai progrès. L’industrialisation de l’ensemble du processus, depuis le confinement des bêtes jusqu’à la production à grande échelle eu pour effet de faire du fromage un aliment neutre et mort, parfait symbole du faux progrès.

  • De tous temps, les toulousains n'ont pas aimé les gens de la capitale....

    Natacha Polony : Qu'est-ce que Paris a fait de la France ?

    Par Natacha Polony

    Notre chroniqueuse dénonce l'arrogance des " apprentis-sorciers " parisiens qui refusent de reconnaître leurs erreurs aussi bien sur la plan économique qu'en matière de politique étrangère.

    Qui se promène sur les routes de France et rencontre ses habitants sera frappé par un phénomène incontournable et récurrent. De cette Provence à la culture millénaire au Lauragais enraciné dans sa mémoire, des Corbières sauvages à la Touraine paisible, on cultive une même détestation de "Paris". Pas forcément le rejet colérique des Marseillais fiers de leur cité grecque et jaloux de leur rayonnement mais un agacement bougon face à une entité indéfinie et omniprésente. Manifestation poujado-populiste? Éruption identitaire? Non, il y a là un sentiment qui marie des souvenirs ancestraux et le constat sociologique le plus contemporain.

    Paris, c'est cette puissance qui arase tout, qui rabote les droits et les identités. Paris, c'est un mélange d'arrogance, de certitude et de bonne conscience. Derrière ce sentiment, il y a la colère de n'être pas entendu, pas même considéré. Il y a l'impuissance et la révolte d'un peuple qui croit encore à l'Histoire et qui sait que la démocratie devrait consister à traduire dans les décisions prises au nom de la Nation, par l'Assemblée de ses représentants et du gouvernement qui en émane comme par le Président qu'il a élu, ce moment où la diversité des intérêts et des conceptions se recompose pour forger le Bien commun. On en est bien loin…

    Et si au moins, ils les voyaient faire amende honorable, ces brillants esprits qui veulent penser pour eux. Mais l'été fut rythmé par les effroyables nouvelles de Mossoul et des Chrétiens d'Orient, et qu'ont vu les Français dans leurs journaux et leur poste de télévision? Les apprentis sorciers qui avaient soutenu l'intervention américaine en 2003 reconnaître leur tragique erreur et dénoncer la folie d'une idéologie qui consistait à imposer la démocratie et le marché - surtout le marché - par les armes? Pas du tout. Ils ont pu entendre Bernard Kouchner livrer ses oracles sans que personne n'ose lui demander un mea culpa.

    L'été vit aussi se poursuivre le désastre économique, hausse du chômage, emplois menacés dans les abattoirs, feuilles d'impôts délirantes, spirale de la déflation… Ont-ils entendu Jacques Attali, Alain Minc et tous les chantres de la "mondialisation heureuse" admettre une erreur de jugement? Rien de rien.

    Alors, Paris incarne tout cela. Les chevaliers francs et les seigneurs du Nord qui vinrent écraser la civilisation occitane sous prétexte d'hérésie cathare, et le légat du Pape, Arnaud Amaury, lâchant devant les remparts de Bézier: "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Plus tard la réduction progressive de toute identité spécifique à une forme d'archaïsme forcément hermétique aux Lumières, aux Droits de l'Homme et au Progrès.

    Dans cette France aux paysages sublimes, on sent, bien sûr, de l'inquiétude, mais on sent surtout une force de volonté inaltérable à mille lieues de la résignation de ces élites nationales qui ont décrété que la France est un pays mineur.

     Pourtant, la France est riche de cette diversité qui fait que l'Anjou n'est pas le Dauphiné et que l'Artois n'est pas le Périgord. Elle vit de ces terroirs humains aussi bien que géographiques. Et il ne s'agit là ni d'identitarisme ethnocentré ni de régionalisme folklorique. On ne joue pas à parler catalan ou à perpétuer le souvenir des traditions ch'tis.

    On le fait parce qu'on y trouve une dignité qui est celle d'un humain conscient de toutes les dimensions de son identité. Mais Paris, ce "Paris" qui symbolise à la fois la puissance publique et les élites, au lieu de cultiver cette diversité nationale qui a fait la grandeur de la France dans la richesse de ses différences, tel que le célébrait la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, a systématiquement gommé ou éradiqué cette plus value française que constituait la possibilité de crier "Vive la République" en breton, en corse, en alsacien, en basque ou en occitan, cette possibilité de vivre dans un paysage identifié, dans un environnement culturel foisonnant.

     

    Certes, si cela avait au moins permis de sauver la patrie en danger! Même pas! Car l'idéal de cette société de liberté, d'égalité et de fraternité censée justifier la virtualisation des identités françaises est aujourd'hui foulé aux pieds par la crise du politique, le renoncement à toute émancipation véritable et les certitudes d'experts occupés à développer un village mondial indifférencié où circuleront des produits standardisés. La télévision et la société de consommation sont en train de détruire cette diversité française bien plus sûrement que ne le firent les injonctions à parler Français des instituteurs de la IIIème République. "Défense de parler flamand et de cracher par terre" pouvait-on lire dans les cours de récré du Nord. Du coup on ne parle plus flamand mais on crache sur la France. Avant que You tube et le selfie généralisé n'achèvent le travail.

    Et cependant, dans cette France aux paysages sublimes, cette France dont on nous dit, cette année encore, que 84 millions d'étrangers sont venus la visiter, on sent, bien sûr, de l'inquiétude, mais on sent surtout une force de volonté inaltérable à mille lieues de la résignation de ces élites nationales qui ont décrété que la France est un pays mineur. Dans chaque département, dans chaque contrée, on trouve des paysans qui s'organisent pour proposer des produits authentiques loin des circuits de la grande distribution, des entrepreneurs qui perpétuent malgré les délocalisations et la concurrence déloyale un savoir professionnel de qualité, des énergies prêtes à s'exprimer car elles s'appuient sur une mémoire transmise et la conscience de ce que l'on est. Ce ne sont pas les identités françaises qui menacent l'unité de la France, c'est la disparition du ciment qui faisait de ces identités l'édifice admirable qu'est une grande Nation.

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/08/16/31003-20140816ARTFIG00002-natacha-polony-qu-est-ce-que-paris-a-fait-de-la-france.php

  • Pour que le vent d'autan ne vous emporte pas....

    Boudin en purée, façon Midi-Pyrénées

    Pour 5 ou 6 personnes:

    1 poivron rouge, 1 poivron vert, 1 kg de tomates pelées, 1 aubergine, 1 ou 2 oignons jaune ou rouge; 2 courgettes, 1 feuille de laurier; 2 branchettes de thym frais; 600 à 800 g de boudin noir à cuire; 1 kg de pommes de terre farineuses. 2 œufs, 40 g de graisse de canard, sel, poivre et une cuiller café de curcuma ou paprika piquant, 30 g de beurre salé, 80 g de fromage râpé. Noix muscade à râper et un peut de chapelure.

    Faire une piperade toulousaine en faisant cuire les oignons dans de la graisse de canard les oignons émincés dans la graisse de canard; retirer et réserver dans un saladier; dans la poêle et la graisse restante cuire les deux poivrons épépinés et coupés en gros morceaux; une fois bien dorés, retirer dans le saladier avec les oignons; cuire pareillement l'aubergine en rajoutant de la graisse de canard si nécessaire, réserver dans le saladier, faire pareil avec les courgettes; mettre enfin dans le sautoir les tomates pelées. Laisser cuire dix minutes a feu moyen en rajoutant un verre d'eau si nécessaire. Au bout de ce temps, rajouter les légumes poêlés plus le laurier, le thym, sel, poivre et le curcuma et laisser mijoter un quart d'heure de plus.

    En même temps, pelez et coupez en morceaux les pommes de terre, les faire cuire dans l'eau bouillante salées pendant 15 mn. Les réduire en purée épaisse. Incorporez 30 g de beurre salé.

    Dans un plat carré assez long et large bien beurré: disposez la moitié de la purée de pomme de terres, râpez de la muscade; coupez en rondelles assez épaisses le boudin, disposez dessus toute la piperade. Etalez bien et tassez à chaque fois. Finir la dernière couche avec la purée. Arrosez d'un filet d'huile d'olive ou brisures de beurre frais, râpez de la muscade. Saupoudrez du fromage râpé et d'des ou deux cuillères à soupe de chapelure; faire gratiner à four très chaud durant dix minutes; servir très, très chaud.

     

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    Boudin à la viande comme à Toulouse

    si vous ne le trouvez pas présenté ainsi, c'est pas notre boudin!

     

    Bientôt, ma recette de piperade que je faisais très souvent en été

     

     

  • Petite histoire de la cuisine - 2

    ou comment on a inventé les tapas

     

    Les siècles passent….  La cuisine devient de plus en plus élaborée et les cuisiniers sont, dès lors, reconnus:

    Tel Taillevent, Guillaume Tirel (1310-1395) qui a été l'un de ces cuisiniers; il fut reconnu et célèbre au point d'être nommé premier queux de Charles-V, puis écuyer de cuisine de Charles-VI, avec privilèges, honneurs, richesse. Sur l'écu sculpté de son tombeau figure trois marmites et six roses. Son grand ouvrage, le Viandier, est l'un des premiers livres de cuisine française.

    La renaissance (XVIe siècle)

    Les manières à table apparaissent chez les nobles vers 1530, suite à la publication d'un ouvrage intitulé "Civilitas morum puerilium" d'Erasme.

    Les repas mondains deviennent une sorte de spectacle où chacun s'affiche afin d'être reconnu pour son rang.  Catherine de Médicis (1519-1589) apporte d'Italie, dans ses bagages de future reine, la fourchette (à deux dents), la faïence fine et la verrerie mais on continuera longtemps de manger avec les doigts.

    A table, les bancs du moyen âge sont remplacés par des sièges individuels, la serviette est devenue systématique: elle est grande afin de pouvoir protéger les collerettes des convives bien nés.

    Sur tables, les épices trônent toujours.

    L'ordre de service apparaît: on commence par les fruits, puis les bouillies, les rôts ou les grillades pour finir enfin, par les desserts.

    Les tendances culinaires viennent d'Italie (l'art italien est prépondérant à la renaissance), on utilise des sauces, on fait des grillades, on utilise les légumes et les agrumes. 

    Pendant ce temps là, en Espagne, un roi oblige les taverniers à couvrir les cruches de vins d'une tranche de jambon afin de limiter les effets de l'alcool qui sont à l'origine de nombreux désordres publics. Tapear veut dire “couvrir“ en espagnol (couvrir la cruche): c'est la naissance des Tapas. 

    Perdrix à la Catalane 

    Tu couperas les jointures des ailes et des cuisses des perdrix rôties et cuites et tu ouvriras leur poitrine. Tu mettras dedans les ailes et les cuisses, du girofle, des jus de citron, ou d'orange, le tout bien mélangé. Puis tu mettras avec leur jus sur les cendres chaudes et les feras cuire pour les manger chaudes quand tu voudras. 

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