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Histoire - Page 47

  • Mât de cocagne

    Lorsque j'étais enfant, il y avait encore, toujours des mats de cocagne dans les baloches du coin. Juché sur les épaules de mon père, je voyais des “grands“ y grimper… ou plutôt tenter d'y grimper, sous les rires ou les quolibets… cela faisait rire mon père et je riais en m'accrochant à oreilles. Je me dis aujourd'hui, qu'il a sans doute tenté d'y grimper quand il était jeune.

    Car, le mât de cocagne est un jeu traditionnel assez populaire autrefois par chez nous, qui consiste à grimper en haut d'un poteau pour attraper un ou plusieurs des objets qui y sont suspendus le plus haut possible, entourés de rubans tricolores flottants. Le sommet est muni d'une roue de charrette ou de bicyclette à laquelle sont suspendus les lots à gagner, friandises, saucisses, saucissons, jouets, objets divers.

    Le mât de cocagne, désigne un mât rond, lisse et élevé, planté en terre, dressé pendant les réjouissances publiques; il porte à son sommet des objets de toutes sortes, des prix qui appartiennent à celui ou ceux qui parviennent à grimper jusqu'en haut sans secours. Ce mât est soigneusement savonné, ce qui complique encore la difficulté des ascensions. Ce divertissement populaire a été, il semble, introduit pour la première fois à Paris en 1425, ainsi qu'on le voit par le Journal d'un bourgeois de Paris sous Charles VII

    J'ai trouvé des infos sur le net qui disent que ce jeu est ou était pratiqué dans les fêtes populaires d'Europe, en particulier en France, en Espagne et dans les îles Britanniques, ainsi qu'en Amérique du sud. Cela fait du monde!

    "Quand on monte au mât de cocagne, il faut avoir les braies propres !" (Quand on s'expose, on s'assure d'être bien propre avant)

    Si pour grimper au mat on se confronte à une lutte, cocagne peut se rapprocher ou être associée au mot italien cuccagna; en fait, il apparait un peu ironique d'appeler cette activité mât de cocagne car le pays de Cocagne c'est le pays de la profusion de biens à portée de main. Et le poteau savonné n'était pas du tout facile à se laisser envahir pour récupérer le saucisson convoité.

    La foule est toujours nombreuse pour assister à la tentative d'un courageux qui, bravant les quolibets et les glissades, cherche à décrocher bouteille ou gibier. On est prêt à applaudir la réussite du candidat (tout en espérant plus ou moins ouvertement l'échec de son entreprise?).

    Le pays d’abondance avait le même nom ou presque dans beaucoup de langues européennes, comme en anglais "the Land of Cockaigne", ou "Cokaygne", en italien "cuccagne". Les Flamands l’appelaient tantôt "Het Luilekkerland" (Pays des douces friandises), tantôt "Kokanje", mais aussi "Cockaengen".

    L’étymologie du nom a été très discutée donc, mais, je me fait tout à fait chauvine: les "coques" ou "coquaignes" désignent aussi des petits pains de pastel fabriqués dans le Lauragais en Languedoc à partir d'une plante appelée le pastel, dont était extraite une teinture bleue (d'où le bleu pastel). Elles firent la fortune de ce pays et lui donnèrent le surnom de Pays de cocagne. Cette couleur est aussi dite " bleu de Cocagne ". L'expression remonterait au début du XIIIe siècle et évoque déjà toute la richesse symbolisée par le pastel dans l'économie du Lauragais et de l'Albigeois où la plante fut cultivée et sa teinture commercialisée.

    Mais, dans certains récits (et aussi l'imaginaire des anciens) les frontières terrestres du Pays de Cocagne sont faites de montagnes de bouille ou de gelée. Une fois arrivé dans cette contrée paradisiaque, on peut s’attendre à ce que les cailles nous tombent toutes rôties dans le gosier, comme le fait le soldat situé à gauche du tableau, bouche grande ouverte, et néanmoins protégé par un toit couvert de tartes. On y voit des oies qui viennent se jeter toutes cuites sur les plats, des cochons qui accourent vers nous lardés d’un couteau et des cactus formés de galettes, des œufs à la coque qui courent…

    Ici les soldats ont déposé leurs armes, les agriculteurs leur fléau, les étudiants se couchent sur leurs livres, pour une trêve perpétuelle sous les auspices d’une nature généreuse. Le pays de Cocagne peut être vu comme une expression de l’aspiration à la prospérité universelle, à la paix et à l’égalité, un paradis terrestre, une utopie.

     

  • La Belle Paule, une fille de chez nous

     

    Paule de Viguier, dite la Belle Paule (1518-1610) était une dame toulousaine du XVIe siècle connue pour sa beauté, La Belle Paule à sa fenêtre a été immortalisée par un tableau d'Henri Rachou dans la Salle des Illustres du Capitole.

    D’après un ancien proverbe toulousain, la ville rose pouvait se flatter de posséder quatre merveilles : “La belle Paule”, Saint Sernin, Le Bazacle et Matalin (illustre joueur de violon). Mais qui était vraiment “la belle Paule?

    Paule de Viguier naquit en 1518 dans une famille de notables d’origine anglo-normande. La grande pureté de ses traits et sa blondeur la firent très tôt remarquer dans une ville dont la plupart des enfants étaient bruns et de type méditerranéen.

    Lors de l'entrée à Toulouse de François Ier en 1533, les Capitouls organisèrent de grandes et coûteuses festivités. Pour remettre les clefs de la ville, une jeune fille de quinze ans, nommée Paule de Viguier, fut choisie.

    Elle fut choisie pour accueillir François Ier qui passait par Toulouse. Marchant à sa rencontre à la tête d’un cortège de notabilités, elle passa sous les nombreux arcs de triomphe dressés dans les rues et remit au roi les clefs de la ville.

    Coiffée d’une couronne de roses, vêtue d’une robe blanche, elle fit une forte impression sur le monarque, qui, comme chacun sait, était amateur de jolies femmes. Il demanda à son entourage qui était cette gracieuse apparition et laissa échapper cette phrase "Ah, la belle Paule". L’expression fit fortune et elle resta ainsi désignée par les Toulousains. Mais sa vertu ne le cédait en rien à sa beauté et François Ier dut, dit-on, se contenter de cette appréciation toute visuelle.

    La “belle Paule” eut, bien sûr, une nuée de soupirants. Mais son cœur battait pour un seul, nommé Philippe de Fontenille, un jeune et séduisant chevalier. Las, son père avait décidé de l’unir à un riche parlementaire, le sire de Baynaguet, et en ce temps-là, les ordres paternels ne se discutaient pas. Elle devint donc Mme de Baynaguet dans l’église du couvent des Grands Augustins, devant l’élite de la société toulousaine.

    Ce mari imposé, au demeurant parfait honnête homme, eut le bon goût de mourir après quelques années, et sa veuve, désormais libre et riche, put retrouver ses premières amours et devenir baronne de Fontenille.

    Elle eut un fils, ce qui n’altéra en rien sa beauté et, férue d’art et de poésie, accueillit dans sa maison les artistes et les poètes. Elle vécut dès lors une existence paisible troublée seulement par la mort de ce fils, qui lui inspira des lignes pathétiques. En 1563, Charles IX et Catherine de Medicis lui rendirent visite et la reine mère confia que "sa beauté était au-dessus de sa réputation".

    On dit que, plus tard, les édiles toulousains lui demandèrent de paraître à son balcon deux fois par semaine pour que le peuple puisse l’admirer librement. Elle mourut en 1610, toujours aussi belle (ou presque) de l’avis général. À sa mort, elle fut inhumée dans le caveau de l’église des Cordeliers de Toulouse, qui avait la réputation de conserver les corps sans corruption. On visita pendant longtemps le caveau comme une curiosité.

    La Belle Paule ne semble pas avoir suscité le même enthousiasme que de son vivant. Les femmes n’avaient pas le droit d’entrer dans le caveau (du moins de leur vivant): des dames désirant vivement voir le corps de la Belle Paule, elles obtinrent que le cadavre soit remonté à l’extérieur, ce qui fut fait, mais à l’instant où le corps voyait la lumière du jour, la peau et la chair tombèrent immédiatement en poussière, ne laissant qu’un squelette.

    Son parent Gabriel de Minut publia sur elle un ouvrage intitulé “La Paulegraphie” dans lequel il donne une description très intime de tous les avantages physiques de la belle Paule. Les mauvaises langues se demandèrent comment il pouvait connaître de pareils détails, mais sans doute avait-il beaucoup d’imagination? Paule de Viguier est restée dans l’imaginaire toulousain un symbole de perfection.

    "Adieu Paule la belle en éternel adieu.

    Le seul espoir que j’aie de te voir est qu’un jour

    Ayant quitté du tout ce terrestre séjour

    Nous nous rencontrerons là-haut avec Dieu".

    Son surnom serait à l'origine du nom La Belle Poule attribué à plusieurs navires.

     

     

  • Armagnac, nous voilà!

    Armagnac!

    Pourquoi choisir l'Armagnac?

    Premièrement, parce qu'il vient du pays des mousquetaires, vous savez, le sacré bretteur nommé D'Artagnan?

    Et puis, parce que “le bonheur est dans le pré“, on vous l'a assez baratiné.

    Et que mon meilleur ami vient du Gers: aussi, chaque année, lorsque lui et son épouse nous invitent pour Noël et Pâques et autres fêtes, c'est un vrai festival gastronomique du coin! Ha! croyez-moi, le repas français au patrimoine de l'Unesco: que oui, c'est exact…. quand nous sortons de table…. pas besoin d'aller chez Mac Machin; le vent d'autan, il peut râleur tout ce qu'il veut: il ne nous emportera jamais! L'apéritif préféré de mes amis: c'est le floc de Gascogne et pour finir le pantagruélique repas, un p'tit coup d'Armagnac pour réchauffer le foie avant de rentrer…. Savoir que JP est natif du village où est né l'Armagnac et le floc… moi, je ne me casse pas la tête: je le crois sans peine.

    Et pourquoi aussi aimer l'Armagnac? parce qu'à force d'aimer les produits gastronomiques français, mon jeune ami japonais Yoshi m'a répondu, à la question: tu préfères quelle région et qui t'a le mieux accueilli en France (moi, je me suis dis, c'est Toulouse, bien sûr!) et bé non, il m'a dit: le Gers. Ouche! ça m'a fait un peu mal…. mais, il m'a dit: il n'y a que toi qui m'a invité sous son toit dans toute la France.

    Youpie, je suis la plus aimable et gentille des Toulousaines d'abord, et Française ensuite!

    Heu, nous avons connu Yoshi dans le regretté restaurant La Régale tenu par le chef Norbert El Bèze qui faisait le meilleur cassoulet toulousain, après moi bien sûr!

    Yoshi est un jeune japonais de 31 ans maintenant qui a fait au moins 3 tours de France des régions gastronomiques…. même que, l'an passé, il a réussi à convaincre sa maman de visiter le marché de Noël de Strasbourg. En cette fin décembre, je lui prépare un colis de bons produits du sud-Ouest car il ne peut pas revenir par ici avant au moins un an…

    Comme il a vécu de très nombreuses années aux USA, cette année, le traitre! il a été passer plusieurs mois pour revoir ses amis aux USA.

    Coucou Yoshi! (je sais qu'il lit ce blog toulousain)!

    Donc, le petit topo économique ci-après ne vous fera pas de mal d'être déposé dans les archives de votre savoir.

    L’Armagnac est une Appellation  d’Origine Contrôlée (AOC) délimitée par trois zones de production. Le bas-Armagnac, le Haut-Armagnac, la Ténarèze.

    Les dénominations commerciales de l'Armagnac

    On trouve aussi sur le marché des Armagnacs portant des dénominations spéciales, comme le Trois Etoiles (***), le V.S.O.P., le Hors d'Age, le X.O... Par exemple, le "Hors d'Age" est un mariage d'eaux-de-vie dont la plus jeune a vieilli sous bois pendant plus de dix ans.

    Les millésimes de l'Armagnac

    Le Millésime (10 ans minimum), spécificité armagnacaise, correspond exclusivement à l'année de récolte mentionnée sur l'étiquette (1934, 1965, 1976,...).

    Vers une simplification.

    A partir de 2010, les producteurs et vendeurs d'Armagnac ont décidé de tendre à une simplification des catégories d'âges sur leurs étiquettes

    La production d'Armagnac représente 1 bouteille toutes les 3 secondes (compteur) soit 6,6 millions de bouteilles, dont la grande majorité est exportée dans le monde entier et notamment en Chine et en Angleterre.

    Depuis le 1er janvier: 2 403 800

    6.600.000 bouteilles d'Armagnac par an

    Les ventes de bouteilles d'Armagnac représentent 7 bouteilles par minutes.

    Avec 6,6 millions de bouteilles vendues, les ventes d'Armagnac avaient atteint un record en 2008

    L'Armagnac, déjà vendu dans plus de 100 pays s'est lancée à la conquête de la Chine qui est en passe devenue en 2012 le plus gros acheteur à l'étranger de cette eau-de-vie à la robe couleur or ambré produite dans le sud-ouest de la France. Le client "historique" reste la Grande-Bretagne, en 2008.

    Par ailleurs, une part de l'armagnac est utilisée dans des produits annexes (floc de Gascogne, pruneaux à l'armagnac...), mais celle-ci baisse au profit de la vente en bouteilles, plus intéressante en valeur ajoutée: cette dernière est en effet passée de 54% à 66% de 2008 à 2012.

    Les ventes d'Armagnac en Chine: 25.000

    En 2010,  il s'est vendu 25.000 bouteilles d'Armagnac en Chine. Un nombre qui pourrait atteindre 250.000 en 2011, soit à peu près autant qu'en Russie. Mais en chiffre d'affaires, la Chine est plus importante car  les Armagnac qu'importent les Chinois sont plus âgés et donc plus chers.

    Les exportations vers la Chine sont passées de 125 hectolitres d'alcool pur (hlAP) en 2010 à 935 hlAP en 2011 et le phénomène continue de s'amplifier en 2012. Hong Kong a également nettement accru ses importations d'armagnac entre 2010 et 2011: de 292 à 505 hlAP.

    Distillé depuis plus de 700 ans, l'Armagnac vend quelque 3,5 millions de bouteilles (en 2008) un peu partout dans le monde pénétrant récemment des pays comme le Brésil, la Biélorussie ou la Zambie.

    En 2010 le premier importateur d'Armagnac a été la Russie, et début 2012 ce pourrait être la Chine, selon le président du Bureau national interprofessionnel de l'Armagnac (BNIA), Pierre Tabarin.

  • Arrêtez d'emmerder les Français

     (G. Pompidou†, ancien président de la République Française)

    Une directive, tout droit issue de la Babel bruxelloise, fait fi des appellations traditionnelles en matière de boucherie!!! Fini la hampe, le paleron, la poire ou la côte première.

    "Le consommateur devra se contenter de dénominations barbares, comme "viande à griller deux étoiles" (sic). Pas croyable, les plus de 45 ans pensent étouffer de colère.

    Mais, enfin, que leur apprend-on à l'école? Ne cherchez pas, on leur enseigne que monsieur peut avoir une vulve et pas un zizi!

    Désormais, le consommateur devra se contenter de dénominations barbares, comme "viande à griller deux étoiles" (sic).

    Jeudi matin: nouvelle conn… de l'Europe: cette fois, ce sont les restaurateurs qui vont devoir signaler, sur les menus, tous produits susceptibles d'entraîner des allergies!

    Voyage au bout du Royaume de l'Absurdie… On croit rêver, ou faire un mauvais rêve.

    Je me pose la question: oui ou non, est-ce qu'un jour, ces europonctionnaires vont nous laisser vivre notre vie de bons Français hédoniques? Nous vivons dans des temps où la technocratie la plus froide a déclaré la guerre à l'Art de Vivre à la française.

    On devient de plus en plus parano, on n'ose écouter les radios ou la télé, de crainte d'y entendre une nouvelle folie absurde qui démonterait le moral aux plus joyeux drilles. On peut voir partout se fissurer la paix sociale, sous les coups d'une bureaucratie déconnectée mais pleine d'orgueil et d'arrogance. Orgueil et arrogant le Français de base? pas du tout: ils ont trouvé leur maître: toute la technocratie européenne! A croire que ces pisse-froid sont jaloux que l'art du repas Français soit inscrit dans le patrimoine culturel de l'humanité. Pour moins que ça, les Français ont zigouillés Louis XVI!

    Comment tout cela va-t-il finir? A mon avis, pas très bien. Le trop et le peu....

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  • Le quotidien régional incontournable

    La face cachée d'un grand journal

    Presque seule sur son territoire, La Dépêche du Midi est souvent accusée d'abuser de sa position pour servir les intérêts politiques de Jean-Michel Baylet. Pas toujours à tort.

    C'était en octobre 1982. Claude Bernardini*, (prochaine note sur Claude et Podium bientôt - Surtout à ne pas rater!) journaliste, ex-fondateur du magazine Podium, vient de lancer Toulouse Matin, un nouveau quotidien régional d'une quarantaine de pages dont l'ambition, décrit-il, est d'"apporter aux Toulousains une source d'information alternative, dans un paysage dominé par un journal inféodé à une idéologie: La Dépêche du Midi".

    Quelques jours après la parution du premier numéro, Claude Bernardini reçoit un appel du secrétariat de Gaston Defferre, alors ministre (PS) de l'Intérieur, puis de celui du Premier ministre, Pierre Mauroy. Soucieux d'éviter toute pression, il ne donne pas suite. Mais quatre mois plus tard, ses craintes se confirment. Le principal actionnaire du journal, Pierre Dumons, un entrepreneur du BTP, décide du jour au lendemain de jeter l'éponge. "Il est venu me voir un matin en m'expliquant qu'il n'avait pas le choix, raconte Claude Bernardini. De nombreuses municipalités clientes avaient décidé de lui couper les vivres." 

    L'anecdote ne surprendra guère ceux qui ont fréquenté, à l'époque, Evelyne-Jean Baylet, l'ex-patronne qui dirigea d'une main de fer la société familiale propriétaire de La Dépêche du Midi, après le décès de son mari dans un accident de voiture. Amie de François Mitterrand, mais aussi de Roland Dumas et de René Bousquet, elle n'a jamais hésité à faire jouer son carnet d'adresses pour protéger son entreprise et maintenir son emprise sur la vie politique locale. Car, chez les Baylet, depuis bientôt un siècle, presse et politique vont l'amble pour tricoter un filet à mailles serrées afin qu'aucune parcelle de pouvoir n'échappe à ce que François Bonhomme, maire (divers droite) de Caussade, décrit comme un "potentat féodal". 

    Trente ans après l'épisode de Toulouse Matin, La Dépêche du Midi, propriété à 82,5 % de la famille Baylet, fait encore figure de forteresse inexpugnable et hégémonique sur toute la région Midi-Pyrénées. Presque seule sur son territoire - comme dorénavant bon nombre de titres de presse quotidienne régionale-, elle est souvent accusée d'user et d'abuser de son pouvoir d'influence. Mais qu'importe. Jean-Michel Baylet, son PDG - que certains Français viennent tout juste de découvrir grâce aux "primaires citoyennes" -, semble imperméable aux critiques.

    Il faut dire qu'il est bien davantage qu'un simple élu local. Conseiller municipal de Montjoi, il est aussi président du conseil général de Tarn-et-Garonne, sénateur de son département, président de la communauté de communes des Deux- Rives (Valence-d'Agen) et, enfin, président du Parti radical de gauche (PRG), dont le principal bastion est Midi-Pyrénées. Si la politique est une passion familiale héritée de ses parents, le quotidien et ses nombreux satellites constituent un instrument indispensable pour asseoir et conserver un pouvoir qui se transmet d'une génération à l'autre. "Voilà plus de quarante ans que les Baylet tiennent le conseil général", soupire Nicolas Pompigne-Mognard, candidat à l'investiture UMP aux législatives de 2012. 

    Rien de plus naturel, donc -et surtout rien d'incompatible-, aux yeux de Jean-Michel Baylet, que de mener de front le métier d'informer et l'exercice de ses responsabilités d'élu. "Si l'on devait interdire aux patrons de presse de faire de la politique, il faudrait faire une loi, car je suis loin d'être le seul !" lance-t-il en réponse à ceux qui critiquent sa situation de "cumulard".

    Le PDG de La Dépêche a pris les rênes du groupe en 1995, après y avoir débuté en 1972 comme simple journaliste. "J'ai un numéro de carte de presse dans les 30 000", se vante-t-il. Dans le sillage d'Evelyne, celui qui a longtemps été affublé d'un sobriquet peu amène -"le veau sous sa mère"- a su préserver l'indépendance et la rentabilité du groupe. Le chiffre d'affaires -115 millions d'euros en 2010- et le résultat - 7 millions dégagés l'an dernier - ont permis de faire remonter à l'Occitane de communication (le holding familial) plus de 1 million d'euros et de distribuer aux actionnaires 1,2 million d'euros de dividendes. Dans un contexte historiquement périlleux pour toute la presse française, La Dépêche s'en sort bien. Profondément enraciné dans la vie régionale, le quotidien, qui tire à 186 000 exemplaires, sert 16 éditions locales. Au fil des ans, il est devenu une véritable institution. Monopolistique, La Dépêche est incontournable pour les collectivités locales qui y passent la plupart de leurs annonces légales, mais aussi pour les entreprises, manifestations culturelles et autres commerces en quête d'audience pour leurs messages publicitaires. Bien joué. De plus, le conseil général de Tarn-et-Garonne, qui jouit d'un budget annuel de près de 300 millions d'euros, arrose de nombreuses associations de la région de subventions "récupérées en grande partie à travers la publicité dans La Dépêche", dénonce Brigitte Barèges, maire (UMP) de Montauban, en plein fief des Baylet. "Ce qui témoigne, raille cette élue, d'une étrange conception de la République." 

    L'indépendance journalistique ?

    Née il y a cent quarante ans, La Dépêche toise du haut de son histoire, indissociable de celle du radical-socialisme, ses très nombreux détracteurs. Jean-Michel Baylet, des trémolos dans la voix, ne rate d'ailleurs jamais l'occasion de rappeler qu'elle compta parmi ses plus célèbres éditorialistes Jean Jaurès et Georges Clemenceau. Une certitude: son monopole lui confère un pouvoir que tous les protagonistes de Midi-Pyrénées - élus, artistes, chefs d'entreprise et sportifs - redoutent et que certains téméraires dénoncent de plus en plus fort. "Ah ! s'ils n'avaient pas ce canard", confia un jour le député UMP Patrick Devedjian à Brigitte Barèges. "Leur force est d'entretenir l'idée qu'ils font la pluie et le beau temps sur toute la région", explique un élu UMP qui craint, lui-même, de parler à visage découvert... Les articles de La Dépêche, il est vrai, peuvent aussi bien construire une réputation que la ruiner. Face à ses contempteurs qui lui reprochent de confondre le second cahier du quotidien (consacré à la vie locale) avec un outil de propagande en soutien de ses très nombreuses casquettes politiques, Jean-Michel Baylet brandit la charte du journal, qui édicte : "La Dépêche n'est pas le journal d'une caste ni d'un parti. Notre journal est un relais d'expression, de toutes les expressions."

    Choix des sujets, mise en scène, photos: le doute semble toutefois permis. Et l'édition de Tarn-et-Garonne paraît bien davantage aux ordres du président du conseil général qu'au service du citoyen. Le 16 octobre 2010, on y trouvait, par exemple, un long courrier envoyé par Jean-Michel Baylet à son adversaire Brigitte Barèges publié dans son intégralité. Au lendemain des cantonales, le 28 mars dernier, La Dépêche évoque la défaite électorale de l'un de ses opposants les plus opiniâtres, François Bonhomme, sous le titre "Caussade en fête". Le maire de ce petit bourg situé au beau milieu des terres des Baylet fait l'objet de critiques virulentes dans les colonnes du quotidien. "Il a beaucoup détruit, rien construit, et sa volonté de gouverner de manière tyrannique s'est traduite par un affaiblissement", raillait le PDG de La Dépêche, interviewé en mars dernier dans son propre journal. 

    L'indépendance journalistique? "Il n'y a pas d'instructions qui viennent d'en haut, mais les rédacteurs de la locale hiérarchisent eux-mêmes l'information en fonction des intérêts et des positions du patron", témoigne, sous couvert d'anonymat, un ancien du journal qui en a fait les frais. 

    Des photos maquillées

    Accusées par l'opposition de parti pris, les éditions locales du quotidien sont aussi stigmatisées pour les procédés parfois utilisés, comme le boycott. En désaccord avec Jean-Michel Baylet sur un projet d'extension d'une usine, l'ex-préfet du Tarn-et-Garonne, Alain Rigolet, constitue l'exemple le plus caricatural de ces méthodes. Durant tout son mandat, le haut fonctionnaire, qui avait eu l'impudence de s'opposer au président du conseil général, n'est plus apparu en photo dans les colonnes du journal! Lorsqu'un habile cadrage ne permettait pas d'éviter son apparition, quelque astuce technique le faisait carrément disparaître. Nicolas Pompigne-Mognard se plaint aujourd'hui du même traitement. Sur son site Internet, il démontre, photo à l'appui, que son visage, pourtant noyé parmi d'autres manifestants, a été gommé à l'aide du logiciel Photoshop lors d'un défilé. "Le plus pénible, estime Thierry Deville, candidat sans étiquette aux dernières cantonales et ex-PRG, ce sont les périodes électorales. Lors des dernières régionales, en un mois, ma rivale soutenue par le PRG a eu droit à 70 citations, tandis que mon nom n'a été évoqué que deux fois..."

    "La Dépêche orchestre une tétanisation de la vie locale"

    Alors que certains acteurs locaux sont malmenés, d'autres, cependant, semblent bénéficier d'un traitement de faveur. Que penser, ainsi, de l'absence d'article dans le journal lors de la garde à vue d'Olivier Sadran, chef d'entreprise et patron du club de foot toulousain, le TFC, qui entretient des liens étroits avec La Dépêche? Sollicité par L'Express, Jean-Michel Baylet n'a pas souhaité répondre au-delà de l'interview ci-après.

    S'il revendique son titre de "responsable de la rédaction", il assure ne pas se mêler du contenu, à l'exception du sujet de Une, qui lui est communiqué tous les jours.

    "Personne ne peut croire à cette fable, surtout après l'affaire Baudis", affirme un élu. A l'époque, La Dépêche, première à publier un article sur le dossier, fut le fer de lance des sordides attaques contre l'ex-maire centriste de Toulouse, totalement innocenté par la suite. Mais l'annonce du non-lieu, elle, ne fera que quelques lignes dans le journal. L'ancien substitut du procureur de Toulouse, Marc Bourragué, à l'origine d'une procédure contre les Baylet lors d'une affaire d'abus de biens sociaux, a également subi un traitement partial pendant l'affaire Alègre. Il a d'ailleurs fait condamner une dizaine de fois La Dépêche pour diffamation. Longtemps, Dominique Baudis fit partie des "blacklistés" du journal. Dès son arrivée au Capitole, parce qu'il avait supprimé le budget annuel de communication de 15 millions de francs alloué au quotidien; puis lorsqu'il refusa, plus tard, de donner les clefs de Télé-Toulouse aux Baylet, qui en exigeaient la présidence et la direction. Récemment, enfin, lors des dernières élections européennes, où les quatre pages d'articles de commentaires des résultats, agrémentées de photos, ne mentionnaient pas même son nom, alors qu'il venait d'être élu au Parlement européen comme représentant du Sud-Ouest... 

    Quantité d'informations locales susceptibles d'intéresser les habitants du département ou de la région passent ainsi à la trappe. A fortiori lorsqu'elles concernent directement le "patron". Comment expliquer, sinon, la récente révélation du site Rue89 concernant une mise en examen du président du conseil général de Tarn-et-Garonne pour favoritisme, datant... d'il y a deux ans ?

    "Si l'information n'est pas dans La Dépêche, elle n'existe pas, ce sont les avantages d'un monopole", commente Jacques Briat, ex-député UMP, victime, lui aussi, de la force de frappe du quotidien qui fit élire en juin 2007 sur sa circonscription Sylvia Pinel. Ancienne chef de cabinet de Jean-Michel Baylet au conseil général, la jeune femme a bénéficié, selon lui, d'une campagne de promotion très spéciale. "Pendant l'année qui a précédé l'élection, elle était invitée à toutes les inaugurations possibles et imaginables du département et se retrouvait automatiquement en photo dans le journal, avec la légende suivante : "en présence de Sylvia Pinel"."

    "La Dépêche orchestre une tétanisation de la vie locale et il y a une véritable omerta sur le sujet", dénonce l'avocat Laurent de Caunes, qui s'est plusieurs fois opposé au quotidien dans les prétoires.

    Reste un mystère: comment, malgré une information aussi manifestement déséquilibrée, le journal parvient-il à maintenir sa réputation? "Les gens l'achètent ou s'y abonnent pour les annonces de décès, de mariages ou de manifestations locales. Mais aussi par habitude", commente un publicitaire. Omniprésente dans les fêtes de villages, sur les marchés de Noël ou sur les auvents des cafés, La Dépêche fait partie du paysage. "On l'achète, mais on ne la lit pas toujours", nuance un kiosquier.

    "Une influence bien supérieure à sa diffusion"

    Claude Llabres, auteur d'un livre polémique sur l'histoire du titre pendant la Seconde Guerre mondiale, affine l'analyse : "Il fait partie du patrimoine, on lui prête une influence bien supérieure à sa diffusion, eu égard à la double casquette de son patron, et beaucoup la craignent", assure-t-il. Et de donner l'exemple de cet ancien résistant qui, par crainte de ne plus être invité aux commémorations, a refusé de préfacer son livre. "Il n'y a que par la peur que l'on parvient à se faire respecter", a glissé un jour, droit dans les yeux, Jean-Michel Baylet à un salarié qui a, depuis, quitté le navire.

    L'arrivée de la nouvelle génération changera-t-elle les us et coutumes d'une famille habituée à gouverner sans partage depuis des décennies? Jean-Nicolas, le fils du PDG, frais émoulu d'une école de commerce et qui vient, à 26 ans, d'être intronisé directeur délégué, affirme ne pas s'intéresser à la politique. A moins que l'atavisme familial ne le rattrape, il pourrait, lorsqu'il sera aux commandes, ouvrir une nouvelle page de l'histoire du journal et faire sien l'aphorisme du poète René Char : "Notre héritage n'est précédé d'aucun testament." 

    CHIFFRES CLES

    116 millions d'euros

    Chiffre d'affaires 2010 du journal La Dépêche (ventes, abonnements: 56 %; publicité: 36,5 %; divers [ventes de collections de disques, événementiel...]: 7 %).

    15,3 millions d'euros - Chiffre d'affaires 2010 du journal Midi Olympique.

    Baylet: "Candidat jusqu'au bout". Abscons, le titre que découvre le lecteur au bas de la page politique de La Dépêche, le 3 septembre? Un tantinet. Tout juste, savait-il, l'aimable lecteur, que Jean-Michel Baylet était mis en examen, une information révélée trois jours plus tôt par Rue89, et fort brièvement mentionnée par le quotidien, le 1er septembre, dans un entrefilet annonçant surtout la plainte en diffamation du "patron" contre le site d'information. Mais là, la mise au point est claire et énoncée en intertitre : "En finir avec la polémique." L'article souligne surtout que Rue89 s'excuse pour son erreur sur le motif de la mise en examen remontant à 2009 ("infraction au code des marchés publics" et non "prise illégale d'intérêts"). Jean-Michel Baylet balaie, lui, une misérable affaire portant sur "800 euros". Dont acte. La Dépêche n'en parlera plus.

    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/region/la-face-cachee-d-un-grand-journal_1056236.html#QoKT0H0lBJjHmWy7.99

  • Petits poutous deviendront grands

    Poutou toulousain: un baiser. D'origine occitane (poton, prononcer poutou). Se dit souvent pour un bisou affectueux

    Chez l’enfant ce besoin de contact avec les lèvres remonte aux premières heures de la vie, quand il commence à se nourrir au sein. Les lèvres jouent un rôle important dans la tétée et sont les zones érogènes du corps les plus facilement accessibles mais c’est au cours de l’évolution de l’homme que les lèvres ont pris toute leur importance dans les relations sociales.

    Dans les temps anciens, quand la mère constatait que l’abondance de son lait diminuait, elle avait pour mission de nourrir à tout prix son enfant et elle pratiquait une pré-mastication des aliments qu’elle transférait directement dans la bouche de son enfant, geste primordial et vital qui se transforma plus tard en baiser romantique. Durant ces mêmes temps reculés, on considérait que le souffle et la parole, sortant tous deux de la bouche, étaient l’expression de l’esprit ou de la personnalité profonde, sinon de l’âme, et le baiser était une façon de rapprocher physiquement les âmes. Enfin, le baiser implique une série de mécanismes sensoriels et physiologiques instinctifs, comme l’odorat, qui agissent directement sur le cerveau. Il ne faut pas oublier de signaler que la salive de l’homme contient de la testostérone qui participe à l’apparition du désir sexuel chez la femme. J’ai écrit un article sur le transfert de bactéries au cours d’un baiser, un processus somme toute anodin, beaucoup plus anodin que de serrer la main de dix personnes étrangères par simple politesse !

    L’enfant est donc " conditionné " au baiser très tôt dans sa vie et recherchera tout naturellement le contact des lèvres plus tard. L’importance du baiser est d’autant plus indéniable qu’une étude a montré qu’un " baiser mal vécu " était souvent le point de départ d’une rupture amoureuse chez 60% des garçons et les deux tiers des jeunes filles étudiant à l’Université de New-York à Albany ayant participé à cette étude. Un baiser mal vécu peut très prosaïquement signifier une trop grande similitude entre les complexes majeurs d’histocompatibilité de chacun des partenaires. Le baiser permet en effet de détecter, par un mécanisme encore inconnu, que la descendance sera d’autant mieux armée sur le plan immunologique que la différence entre les complexes majeurs d’histocompatibilité (MHC) de chacun des partenaires sera plus marquée. Très curieusement, les femmes prenant des pilules anticonceptionnelles sont incapables d’établir une préférence entre MHCs de leurs partenaires avec qui elles échangent des baisers, observation qui a conduit à considérer que les anticonceptionnels dupaient l’ensemble de l’organisme et pas seulement le processus de reproduction.

    Pour conclure, un baiser romantique fait vibrer l’organisme qui ressent alors la sensation très particulière qu’englobe l’expression " tomber amoureux " et c’est sur cette seule observation, largement suffisante, qu’on peut affirmer que le baiser est le préliminaire majeur au rapprochement physique entre deux êtres, un comportement remontant aux premiers instants de notre vie …

     

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  • L'odyssée du Château des Verrières

     

    J'aimais bien voir la façade de ce “château“, mais écoutez un peu son histoire, un peu triste quand même.

    De type néo-gothique, le château s'élève sur quatre niveaux; il est doté de trois tourelles, dont deux en encorbellements et une tour d'escalier hexagonale; fenêtres en ogives, balcon à baldaquin, tourelle en poivrière, gargouilles sur la façade sud qui complètent le tableau médiéval. Des éléments de décor des XVe et XVIe siècles ont été remployés (sur la retombée des voûtes de la tourelle nord-est, dans les gargouilles saillantes, et dans le fronton couronnant la porte nord.

    Le Château des Verrières ou Maison du Verrier, Castel-Gesta pour les Monuments historiques, est une "villa castellisée" édifiée par Louis-Victor Gesta, peintre-verrier, à la fin du XIXe siècle, dans ce qui était alors le faubourg Arnaud-Bernard à Toulouse (actuel quartier des Chalets).

    Louis-Victor Gesta, né le 26 septembre 1828 à Toulouse où il est mort le 6 septembre 1894, est un peintre-verrier français, fondateur de la manufacture de vitraux Gesta qui, aux dires de son fondateur, décora entre 7 000 et 8 500 églises. Sa résidence-lieu d'exposition et manufacture existe toujours, en partie, le château des Verrières à Toulouse. L'installation d'origine est relativement modeste: des hangars, un four, et deux petites maisons à usage d'habitation et de magasin. Mais sous le Second Empire, la demande de vitraux est massive. 150 manufactures

    produisent du vitrail ad nauseam à la demande, en général un personnage de l'histoire sainte entouré de décors géométriques. En 25 ans, Gesta aurait produit des vitraux pour 7000 à 8500 églises.

    Le succès, très rapide, de la manufacture Gesta, s'appuie sur une véritable stratégie commerciale: exposition des produits avec nombreuses récompenses, publicité dans la presse et rôle politique joué par Louis-Victor Gesta lui-même

    De la seconde moitié du XIXe siècle au début du XXe siècle, la manufacture Gesta compte parmi les plus grandes productrices de vitraux de France : 8500 églises, selon son dépliant publicitaire.

    Des centaines de vitraux Gesta sont aujourd'hui inscrits à l’inventaire du patrimoine français7. Il s'agit pour la plupart de vitraux religieux (notamment des verrières à personnages), mais la manufacture Gesta est aussi l'auteur de quelques œuvres profanes, dont les vitraux de la véranda du casino de Bagnères-de-Luchon.

    En 1890, Louis-Victor Gesta cesse son activité et en proie à des difficultés financières, il doit se séparer de ses collections et du château des Verreries. Il meurt en 1894.

    Le château des Verreries est situé 22, avenue Honoré-Serres et rue Godolin. (Je reparlerais plus tard de ““Mister“ Godolin).

    Il est classé monument historique depuis le 3 octobre 1991. Cependant, après une histoire particulièrement agitée, l'édifice, objet d'une vaste escroquerie, est longtemps resté dans une situation particulièrement alarmante.

    En 1862, Louis-Victor Gesta fit construire de nouveaux ateliers pour sa manufacture de vitraux, un four surmonté d'une haute cheminée sur un terrain appartenant à son beau-père, M. Naves, au faubourg Arnaud Bernard.

    Le long du boulevard, Gesta fit édifier un bâtiment d'exposition sur deux niveaux, de type médiéval, où il présentait ses vitraux. Le reste de la parcelle était occupé par un grand parc. Le grand parc clos par une enceinte fortifiée entourait les bâtiments. Des sculptures médiévales authentiques y étaient présentées. Le succès des bâtiments et des vitraux fut considérable, surtout auprès des ecclésiastiques. En témoigne la Chronique religieuse du 8 mars 1867, qui ne tarit pas d'éloges.

    La manufacture de vitraux Gesta fut une des plus importantes de France à la fin du XIXe siècle. Des milliers de vitraux Gesta furent produits au faubourg Arnaud Bernard, avant de partir décorer des églises partout en France, et à l'étranger.

    Quelques années plus tard, dans le parc, Louis-Victor Gesta fit construire de nouveaux bâtiments, le château proprement dit. Deux salles d'exposition symétriques, l'une dite "la Chapelle" décorée de peintures murales réalisées par le peintre Joseph Angalières et surtout, au Sud la Salle des Illustres réalisée par son ami le peintre Bernard Benezet qui célébrait les Toulousains que Gesta admirait. À l'extrémité de ces deux salles s'élevait le château (toiles marouflées du plafond, scènes murales).

    Louis-Victor Gesta mourut le 6 septembre 1894, après avoir fait faillite, et ses héritiers ne parvinrent pas à s'entendre. Le château avait été vendu, et tous les biens mobiliers furent cédés. En 1895, le maire de Toulouse, Honoré Serres, (il existe un Boulevard Honoré Serres où j'ai demeuré un temps très court) fit procéder à l'alignement de la rue du faubourg Arnaud Bernard, condamnant le pavillon d'entrée des Verrières.

    Le château fut d'abord la propriété de Bernard Bordes, un négociant toulousain, puis de sa veuve qui le fit visiter notamment à la Société des Toulousains de Toulouse. L'œuvre de Bénézet, "véritable Salle des Illustres" eut un grand succès.

    À partir de 1937, le château devint propriété des sœurs de la Charité de Saint Vincent-de-Paul. Au début de la guerre, elles y hébergèrent des familles réfugiées du nord de la France. Par mesure de sécurité, des vitraux furent déposés pour les protéger (ils devaient l'être définitivement), tandis que des tranchées étaient creusées dans le parc, pour abriter les riverains dans le cadre de la défense passive. Un centre d'apprentissage de la couture fut créé pour les jeunes filles sans emploi. Pour des besoins d'éclairage, les peintures furent revêtues d'un badigeon.

    Les sœurs vendirent le château à l'État en 1956. Il devint le Lycée d'enseignement professionnel Hélène Boucher. À cette occasion, on lui adjoignit des escaliers extérieurs et rampes de fer. Beaucoup de mes copines y ont été apprendre la couture.

    Le 7 mai 1987, le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d'orgue du Conservatoire supérieur national de musique, sous la direction de Xavier Darasse. Le plus célèbre (et le meilleur des organistes de la région… et même d'ailleurs). Une partie du rez-de-chaussée était octroyée à l'association Les Arts renaissants.

    Une école privée, l'European University, s'installa au premier étage. Le 26 juin 1989, la Maison du Verrier fut inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, avant d'être classé en totalité Monument historique par l'État, le 3 octobre 1991.

    À la mort de Xavier Darasse en 1992, la classe d'orgue quitta le château. L'école European University chercha en vain à le racheter. Restés inoccupés, les locaux furent victimes d'un incendie, dans la Salle des Illustres de Bénézet.

    La Mairie de Toulouse autorisa alors la police nationale à occuper le château, qui devint lieu d'accueil pour les appelés du contingent effectuant leur service national dans la police.

    La SMESO, mutuelle étudiante, racheta ce château que la Ville trouvait "peu fonctionnel". Elle fit procéder à une surélévation des locaux sur le boulevard, pour installer ses bureaux.

    En 2001, la SMESO vend les locaux à un promoteur qui souhaite le revendre. Une petite partie du parc est rachetée par la Mairie de Toulouse pour en faire un petit jardin public.

    Bien que classé monument historique depuis 1991, le Castel Gesta est longtemps resté dans un état de délabrement alarmant. Depuis quelques mois, le château était barricadé derrière des palissades et les riverains s'interrogeaient en vain sur son devenir.

    Le Monde du 15 octobre 2009 révèle que la Maison des Verrières est depuis 2004 l'objet d'une vaste escroquerie au patrimoine historique et que le tribunal de grande instance de Libourne a ouvert une instruction depuis le 5 octobre. Un architecte bordelais proposait (mais, de quel droit?) ce monument, comme de nombreux autres châteaux et demeures historiques, à des investisseurs. L'investissement était constitué d'une somme relativement faible pour le foncier (en mauvais état) et de sommes plus conséquentes pour financer les travaux de réhabilitation (très importants) auquel devait procéder le cabinet d'architecte. Le monument devait en effet être transformé en logements de standing, et le placement bénéficiait de la déduction fiscale au titre de la législation sur les monuments historiques.

    Or les travaux n'ont jamais eu lieu, faute notamment d'autorisation, et l'argent a disparu. Sont donc lésés non seulement les investisseurs privés, mais aussi l'État. Et le château des Verrières, aux dires d'Olivier Poisson, inspecteur général des Monuments historiques "a subi des dommages irréparables".

    Depuis 2014, l'édifice fait l'objet d'une campagne de restauration qui doit, dans un premier temps, permettre de rénover extérieurement le bâtiment et lui rendre son lustre d'antan. Les propriétaires prévoient ensuite un réaménagement intérieur et la réalisation d'un projet immobilier.

     

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