Multiplication des alertes sanitaires dans les supermarchés (Leclerc, Carrefour, Aldi), conditions d'élevage en deçà des normes européennes, explosion des importations : les œufs ukrainiens inquiètent professionnels et consommateurs.
Par Marie de Greef-Madelin
C’est un code obligatoire inscrit sur tous les œufs et leurs emballages qui est longtemps passé inaperçu: 0 ou 1 indique des œufs de poules élevées en plein air, 2 élevées au sol, et 3 issus d’élevages en cage. ON SAIT MAINTENANT QUE PARMI CES DERNIERS, CERTAINS NE RESPECTENT NI LES NORMES FRANÇAISES NI LES NORMES EUROPEENNES.
Jeudi 28 août, un magasin de l’enseigne E.Leclerc a retiré de ses rayons un lot de 300 000 œufs importés d’Ukraine susceptible de contenir des antibiotiques interdits. Le phénomène se multiplie partout en France.
En juin, la Coordination rurale avait déjà dénoncé la présence d’œufs ukrainiens interdits dans un magasin Carrefour, après Aldi, alors même que ces grandes enseignes se sont engagées à réduire la commercialisation d’œufs de code 3.
DES CONDITIONS D’ÉLEVAGE INACCEPTABLES
Inquiète, l’interprofession des œufs, regroupée dans le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), tire la sonnette d’alarme sur le "non-respect des normes européennes ainsi que les alertes sanitaires répétées".
En Ukraine, où 100% des élevages de poules pondeuses sont en cage, il n’existe aucun équipement obligatoire et la surface dépasse rarement les 500 centimètres carrés (0,05 mètre carré), là où la réglementation européenne impose cinq équipements obligatoires (nid, perchoir, litière, mangeoire, abreuvoir) et une surface minimale des cages de 2.000 centimètres carrés.
Malgré cela, les œufs issus d’élevages ukrainiens sont autorisés à la commercialisation dans l’Union européenne dès lors qu’il est inscrit sur la boîte "non conforme aux règles de l’UE". En revanche, ce qui est interdit, c’est l’importation d’œufs qui ne respectent pas les normes phytosanitaires imposées dans l’Union européenne.
En particulier, en cas de dépassement d’un seuil de résidus d’antibiotiques (métabolites de nitrofuranes, métronidazole) jugés toxiques pour la santé humaine. Des contrôles sanitaires sont censés vérifier régulièrement le respect de la réglementation européenne. Cet été, deux alertes ont été données concernant des résidus de nitrofuranes trouvés dans des lots importés d’Ukraine.
UNE EXPLOSION DES IMPORTATIONS
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les chiffres d’œufs importés donnent le vertige: l’an dernier, 75 tonnes d’œufs ukrainiens ont passé les frontières, soit dix fois plus qu’en 2022. Et sur les quatre premiers mois de l’année, selon les données Eurostat, les importations ont progressé de 68%.
Lors de sa conférence de presse de rentrée, mardi 3 septembre, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau rappelait que l’élevage français de poules pondeuses n’est pas un élevage industriel et que la priorité doit être donnée à la souveraineté alimentaire. Depuis le Salon de l’Agriculture, il attend un "discours clair sur la souveraineté" que lui a promis le président de la République…
ATTENTION ON CACHE BIEN SOUVENT LA PROVENANCE D’UN PRODUIT ALIMENTAIRE EN SIGNALANT: PRODUIT TRANSFORME EN FRANCE
La liste des codes barres internationaux. Je sais bien que nous avons ouvert nos frontières à la communauté européenne, mais notre choix de consommateurs est de connaitre la provenance de la matière première du produit et non pas le pays de transformation.