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Nutrition news - Page 15

  • Vieillissement: les risques d'une mauvaise santé bucco-dentaire

    La mise en bouche d’un aliment constitue la toute première étape d’un processus conduisant à l’assimilation des nutriments par l’organisme. L’action des dents et des muscles masticateurs déstructure alors l’aliment en petites particules, qui sont humidifiées et agglomérées par la salive pour former un bol alimentaire pouvant facilement être avalé. Or l’âge impacte à la fois l’état des dents et le flux de salive…

    Lorsqu’on vieillit, l’émail dentaire a en effet tendance à s’user, les gencives à se rétracter, la production de salive à diminuer. Les dents deviennent alors plus vulnérables aux caries et peuvent se déchausser. Et il est alors parfois difficile, voire douloureux de manger, ce qui peut conduire les personnes âgées à éviter certains aliments – notamment s’ils sont durs, filandreux, ou secs.

    Malheureusement, ces évitements sont susceptibles d’entraîner des carences et un état de dénutrition. Il est donc essentiel de développer une offre alimentaire à la fois appétissante et adaptée à l’état bucco-dentaire de nos aînés.

    LES DENTS, POUR BIEN MASTIQUER

    L’un des changements les plus évidents du vieillissement, c’est souvent la perte de dents. En menant l’enquête en Allemagne auprès d’un peu plus de 900 jeunes adultes (35-44 ans) et d’un millier de seniors (65-74 ans), des chercheurs ont constaté que les premiers avaient en moyenne 25 dents (± 4) tandis que les seconds n’en avaient plus que 14 (± 10). Au total, 23% des seniors avaient perdu toutes leurs dents.

    Si certaines personnes âgées remplacent leurs dents manquantes par des implants ou des prothèses, d’autres ne le font pas, ou préfèrent ôter leur dentier au moment du repas. Et qu’il y ait ou non des dents de substitution, la perte des dents d’origine a un impact délétère sur la prise alimentaire.

    Cet effet est illustré par le résultat d’un test simple , utilisé dans notre laboratoire. On demande à des volontaires de mâcher une rondelle de carotte soigneusement calibrée, et de la recracher juste avant de l’avaler. On constate alors que les particules sont moins nombreuses et plus grosses quand des dents ont été perdues.

    TEST DE LA CAROTTE.

    De fait, avec la perte de dents, la force de morsure diminue et le cycle de mastication est moins bien adapté à la texture des aliments. Les personnes se plaignent de difficultés à mastiquer certains aliments et peuvent diminuer leur consommation de fruits et légumes, de viandes et de fruits secs.

    LE ROLE MECONNU MAIS CRUCIAL DE LA SALIVE

    Une fois l’aliment dégradé en particules, la salive agglomère le tout en un bol alimentaire facile à avaler. Elle intervient également dans la perception des sensations orales induites par un aliment (son goût, sa viscosité, sa jutosité, son astringence) et contribue ainsi au plaisir que l’on ressent en mangeant. Enfin, elle nettoie la bouche en éliminant les particules résiduelles, protégeant alors nos dents et nos gencives des agressions bactériennes.

    Chez la personne âgée, la perte de dents ou la prise de certains médicaments peut entraîner une diminution du flux salivaire et une sensation de bouche sèche. Indépendamment de ces facteurs, nous avons récemment observé une diminution du débit salivaire avec l’âge : chez des seniors de plus de 70 ans, il est inférieur de 38 % à celui d’adultes plus jeunes (22-55 ans).

    Ce manque de salive peut induire des sensations déplaisantes de sécheresse buccale, une difficulté à former le bol alimentaire ou la présence de particules résiduelles collantes. Bien qu’encore peu étudiée, une baisse de flux salivaire semble associée à une baisse d’appétit, à un déséquilibre des d’apports alimentaires ou à une augmentation du risque de dénutrition.

    HACHE, MIXE… MAIS PAS TOUJOURS APPÉTISSANT

    Les aliments hachés, mixés, voire réduits en purée, sont souvent la seule réponse apportée aux seniors pour qui la mastication pose problème. Or ces aliments sont souvent peu attractifs d’un point de vue visuel, difficiles à identifier et peu savoureux. Enfin, ils peuvent constituer le point de départ d’un véritable cercle vicieux : moins une personne mastique, plus la mastication lui sera difficile.

    Ces dernières années, des progrès ont été faits pour améliorer l’aspect des aliments à texture modifiée, en utilisant des agents texturants (agar agar, carraghénane) et des moules pour « redonner de la forme » aux purées. Sans nier l’intérêt que présentent ces techniques, il convient de rester vigilant quant au contenu nutritionnel et à la digestibilité.

    Enfin, ces développements ne doivent pas se faire au détriment du goût. C’était précisément l’un des enjeux de notre projet AlimaSSens, qui visait à développer une offre alimentaire adaptée aux personnes âgées souffrant de troubles de la mastication et de la salivation.

    Nous avons exploré plusieurs techniques culinaires en 2017, pour obtenir des plats de texture intermédiaire entre une texture standard et une texture mixée. Quatre stratégies se sont révélées prometteuses pour la viande: le recours à une marinade, l’usage d’un attendrisseur, la cuisson en papillote et la cuisson longue durée à basse température.

    D’après les tests que nous avons menés avec un panel de dégustation de 40 seniors, un rôti de bœuf cuit à basse température (80 minutes à 65 °C) est perçu comme moins sec qu’un rôti cuit à haute température (30 minutes à 220 °C). Et des viandes marinées dans une sauce soja, puis cuites à basse température, semblent plus faciles à mâcher.

    Auteurs: Claire Sulmont-Rossé - Directrice de Recherche, Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation (AgroSup, CNRS, INRAE, Université de Bourgogne Franche-Comté), Inrae

    Gilles Feron: Directeur de recherches au Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, Inrae

    The Conversation FR. CC BY ND

  • Les carottes permettent-elles de développer une meilleure vision nocturne?

    NON

    Ce n'est pas exact pour la vision de nuit…. Même si elles ne confèrent pas de vision nocturne, les carottes contiennent de nombreux nutriments possédant des effets positifs sur la santé.

    Comme de nombreux légumes, la carotte possède plusieurs effets bénéfiques sur la santé: effet antioxydant et cicatrisant du bêta-carotène, renforcement osseux via le phosphore, riche en vitamines, etc. Toutefois, la carotte possède un autre effet extraordinaire: elle confère la possibilité de mieux voir dans le noir en améliorant considérablement la vision dans l’obscurité. Propagande britannique destinée à tromper les ennemis, simple campagne publicitaire vantant les mérites de la carotte ou réalité scientifique?

    C'est pour cela que, depuis 2000, chaque printemps, je fais une cure de macérat de carotte et de myrtilles fruits.

    Premièrement, les carottes ont des niveaux élevés de bêta-carotène et de lutéine, des antioxydants que le corps utilise pour produire de la vitamine A. Cette vitamine aide l’œil à convertir la lumière en un signal qui peut être envoyé au cerveau pour le traitement de l’image, en particulier dans des situations de faible éclairage.

    Cela signifie que les carottes peuvent aider à améliorer la vision de quelqu’un qui manque de vitamine A, mais cela n’aidera pas les personnes qui ont déjà des niveaux de vitamine A adéquats à avoir une meilleure vision. De plus, la cornée (la partie externe transparente de l’œil) peut être endommagée si une personne a une carence en vitamine A, selon un rapport de 2013 dans le Community Eye Health Journal.

  • Les sucres

    Glucose: il est naturellement présent dans l’organisme, il entre dans la composition du saccharose et des amidons (amylopectine, amylose: ce sont des sucres sous forme de longues chaines de glucose). L’industrie agroalimentaire le récupère d'ailleurs par hydrolyse enzymatique de l’amidon. Pris isolément, il élève fortement la glycémie et peut conduire à une résistance à l'insuline.

    Saccharose: molécule composée de glucose et de fructose, c’est le sucre le plus utilisé par l’industrie agroalimentaire, surtout pour la confection de confiseries, boissons, confitures et pâtisseries. C’est le référent pour comparer le pouvoir sucrant des différents sucres. Son index glycémique est modéré du fait de la présence de fructose (qui elle-même peut poser problème, voir ci-dessous).

    Dextrose: il s’agit d’une molécule de glucose purifié et cristallisé, issue de l’hydrolyse complète de l’amidon.

    Fructose: sucre naturel qui se trouve en abondance dans les fruits et le miel, il a un index glycémique plus bas que le saccharose mais un pouvoir sucrant supérieur à celui-ci. Les industriels l'obtiennent aussi (avec du glucose en proportions variables) à partir de sources comme le maïs, par acidification enzymatique et l'ajoutent aux sodas et autres aliments ultra-transformés. Le fructose est métabolisé par le foie et peut conduire à un "foie gras".Lactose: c’est un sucre naturellement présent dans le lait et les produits laitiers. Mais les industriels peuvent également récupérer ce sucre en procédant à diverses manipulations du lactosérum. Il est métabolisé en galactose et glucose, mais après l'âge de 3-5 ans, la majorité des êtres humains ne peuvent plus assurer cette transformation correctement (ce qu'on appelle intolérance au lactose).

    Galactose: issu de l’hydrolyse du lactose, un sucre présent dans les produits laitiers, on peut aussi le trouver en petite quantité dans certaines plantes comme les légumineuses.

    Maltose: appelé aussi sucre de malt, il est composé de plusieurs molécules de glucose. Il est issu de l’hydrolyse de l’amidon du maïs ou de l’orge.

    Maltodextrine: c’est une molécule soluble composée de maltose et de dextrine. Il est utilisé par les industriels comme additif et s’apparente au dextrose. Il sert surtout à épaissir les produits laitiers.

    Dextrine: chimiquement c’est une longue chaîne de dextrose, issue de la fermentation du saccharose par des bactéries.

    Caramel: provenant de la cuisson du sucre, il est souvent utilisé comme colorant ou arôme (E150).

    Ethyl-maltol: c’est un composant de l’industrie agroalimentaire utilisé comme exhausteur de goût et arôme synthétique (E637).

    Jus de fruits concentré: sirop obtenu suite à la réduction de l’eau dans le jus, c’est un produit riche en fructose, glucose ou saccharose en fonction du fruit.

    Mélasse: produit généré par le raffinage du sucre de canne ou de betterave. Seule la mélasse issue de la canne est propre à la consommation humaine. C’est un sirop épais et visqueux qui peut être utilisé en cuisine pour remplacer le sucre simple, il est essentiellement composé de saccharose.

    Miel: ce sucre naturel qu’on ne présente plus, est riche en fructose et a un pouvoir sucrant souvent plus élevé que le saccharose.

    Muscovado: c’est un sucre naturel de canne roux non raffiné, purifié, filtré puis caramélisé composé de saccharose.

    Sirop d’agave: c’est un sucre issu de l’extraction de la sève de l’agave, la plante qui sert à fabriquer la téquila. Il a un goût relativement neutre comparé à celui du miel. C’est un édulcorant naturel avec un pouvoir sucrant plus élevé que le sucre blanc, avec une forte teneur en fructose.

    Sirop d’érable: sucre issu de la sève de l’érable à sucre qui a été bouillie. Il est riche en saccharose.

    Sirop de bouleau: il est issu à partir de la sève du bouleau mais il est moins sucré que son cousin le sirop d’érable et a un goût particulier qui s’apparente au caramel épicé, il est composé de fructose et de glucose.

    Sirop de glucose-fructose: c'est un sirop de glucose qui contient une proportion de fructose, c'est un produit essentiellement utilisé par les industriels.

    Sirop de maïs: issu de la fécule de maïs, avant transformation il est essentiellement composé de glucose. Il est utilisé principalement en confiserie, mais on peut le retrouver dans les boissons, les fruits en conserve, les crèmes glacées... l’industrie agroalimentaire utilise une version de ce sirop qui est riche en fructose, surtout pour les boissons gazeuses.

    Sirop de malt: c’est un sirop confectionné à partir de graines d’orge germées, séchées, grillées puis moulues qui vont ensuite être fermentées. Ce produit est une sorte de mélasse sucrée composé de maltose, destinée à certaines recettes, mais elle permet également la confection d’alcools tels que la bière ou le whisky.

    Sirop de riz: issu de la fermentation du riz brun et d’orge entier, composé de maltose. Il est souvent utilisé par les industriels pour les barres énergétiques destinées aux sportifs.

    Sirop de sorgho: c’est un sirop issu des tiges du sorgho commun, une céréale d’origine africaine. La tige va être pressée, puis chauffée; ensuite en évaporant l’eau, on va obtenir un sirop couleur or. On retrouve essentiellement de l'amidon.

    Sucre brut: il se présente sous forme de cristaux bruns et secs, il est issu du jus de la canne à sucre non raffiné et évaporé.

    Sucre de canne / cassonnade / sucre brun: c’est un sucre roux brut issu de la canne à sucre non raffinée.

    Sucre de coco: il provient de la sève de la fleur de cocotier et ressemble au sucre roux, mais avec un index glycémique plus bas.

    Sucre de dattes: issu de la déshydratation et le broyage des dattes, il ressemble au sucre roux, les bénéfices nutritionnels de ce fruit en plus. Il contient essentiellement du fructose et du glucose.

    Sucre de raisin: suite aux vendanges, le jus de raisin restant subit une évaporation afin d’obtenir un concentré liquide des sucres du raisin contenant du glucose.

    Sucre Demerara: extrait du sucre de canne qui provient de Guyane, il est granulé, humide et enrobé de mélasse onctueuse.

    Sucre glace: cristaux de sucre blanc moulus en poudre très fine.

    Sucre inverti: mélange de sirop de glucose et de sirop de fructose à concentration égale qui affiche un pouvoir sucrant légèrement supérieur au fructose. Il est très utilisé par l’industrie pour la biscuiterie grâce un fort potentiel technologique (liant, texture, couleur, goût).

    Golden syrup: sucre inverti (glucose et fructose) obtenu à partir de la mélasse lors de la fabrication du sucre de canne. Il est utilisé en cuisine pour son fort pouvoir sucrant et le fait qu'il ne dessèche pas.

    Sucre turbiné / turbinado: sucre de canne semi-raffiné avec des cristaux plus ou moins colorés.

     

  • Pour de bonnes défenses immunitaires

    Des chercheurs de l’Université de Yale ont mis en évidence un mécanisme expliquant pourquoi des restrictions caloriques modérées — sans régime spécifique — modifient l’état immunométabolique du corps d’une manière à le faire rajeunir. Cette analyse est la plus solide jamais menée sur les effets des régimes hypocaloriques à long terme chez l’Homme. Une protéine pourrait en être la clé et constituer une nouvelle cible thérapeutique anti-âge.

    Le vieillissement est un ensemble de processus entrainant le déclin structurel et fonctionnel de l’organisme, augmentant le risque de maladies et la mortalité. Les nombreux changements cellulaires et tissulaires liés à l’âge sont généralement considérés comme dégénératifs. Si l’on ne peut préciser lequel est celui qui déclenche tous les autres, nous savons que tous contribuent aux changements phénotypiques liés à l’âge et à la sensibilité face aux maladies.

    À titre d’exemple, les maladies auto-immunes (surproduction d’anticorps s’attaquant aux constituants même de l’organisme) se développent, les phénomènes inflammatoires s’amplifient (réaction disproportionnée de l’organisme face à une infection) ou à l’inverse s’amoindrissent. Ces processus témoignent de la production restreinte de certains globules, les lymphocytes T.

    Les personnes âgées sont dites immunodéprimées. Nous en avons fait la douloureuse expérience avec la pandémie de COVID-19. Elles furent les premières touchées, avec celles dont le système immunitaire était plus faible. Par la suite, l’immunité induite par les vaccins diminuait plus rapidement chez ce même type de personnes.

    Réduire l’inflammation en réduisant l’apport calorique

    Étudier les apports nutritionnels est pertinent dans la recherche anti-âge. Effectivement, il a été démontré que de nombreux êtres vivants, y compris les primates non humains, faisant face à des restrictions caloriques par manque de ressources (limitées ou indisponibles temporairement) dans certains milieux de vie, montrent un allongement de leur espérance de vie. Ils retardent leur vieillissement. En conséquence, les scientifiques de Yale ont testé si les régimes hypocaloriques à long terme généraient les mêmes avantages systémiques pour la santé chez l’homme. Spadaro et al. se sont focalisés sur la façon dont la restriction calorique (ou régime hypocalorique) à long terme chez l’homme influence la réponse immunitaire et l’inflammation.

    "Nous savons que l’inflammation chronique chez l’homme est un déclencheur majeur de nombreuses maladies chroniques et, par conséquent, a un effet négatif sur la durée de vie", a déclaré dans un communiqué V. D. Dixit, co-auteur de l’étude et directeur du Yale Center for Research on Aging. Les gènes et voies intervenant dans la réponse à une restriction alimentaire contrôlent un large éventail de fonctions clés, comme la traduction des protéines, la fonction mitochondriale, le stress oxydatif, l’inflammation ainsi que le métabolisme cellulaire des graisses, des protéines et des glucides.

    Pour leur étude, les chercheurs ont exploité les données issues d’un essai clinique historique débuté en 2007, appelé CALERIE. Plus de 200 sujets sains non obèses ont été étudiés, la moitié devait réduire son apport calorique de 25%. L’essai a duré deux ans, compilant un grand nombre de données physiologiques concernant les effets à long terme de la restriction calorique.

    Sparado et ses collègues ont alors analysé le thymus, une glande se trouvant au-dessus du cœur, productrice des lymphocytes T (partie essentielle du système immunitaire). L’activité de cette glande est maximale chez l’enfant et le jeune adulte, mais elle vieillit plus rapidement que les autres organes'.Au moment où les adultes en bonne santé atteignent l’âge de 40 ans, 70% du thymus est déjà gras et non fonctionnel. Et en vieillissant, le thymus produit moins de lymphocytes T", précise Dixit. Les personnes âgées, comme dit plus haut, sont immunodéprimées.

    L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a été utilisée pour déterminer s’il y avait des différences fonctionnelles entre les glandes thymus des deux groupes de l’essai. Le résultat est que l’organe semble avoir rajeuni! En effet, les glandes présentaient moins de graisse et un plus grand volume fonctionnel après deux ans de restriction calorique: elles produisaient plus de lymphocytes T qu’au début de l’étude.

    Malgré cette découverte spectaculaire, aucune différence dans l’expression des gènes de ces cellules immunitaires n’a pu être démontrée'.Il s’avère que l’action était vraiment dans le micro-environnement tissulaire et non dans les cellules T sanguines", a déclaré Dixit, en l’occurrence dans le tissu adipeux des participants à l’étude. Il faut savoir qu’il existe plusieurs types de cellules immunitaires dans les tissus adipeux. Lorsqu’elles sont suractivées, elles deviennent une source d’inflammation. L’équipe a mis en évidence des changements significatifs dans l’expression génétique du tissu adipeux. Un gène codant pour une protéine PLA2G7 a été fortement inhibé dans le groupe ayant suivi un régime hypocalorique.

    Une protéine comme nouvelle source de jouvence? Résultats à modérer…

    Le gène PLA2G7 code pour une enzyme inflammatoire, la phospholipase A2, associée aux lipoprotéines Lp-PLA2. Elle se retrouve notamment au niveau des plaques d’athérosclérose. C’est un facteur d’activation plaquettaire (PAF). Ce dernier, formé après l’action de Lp-PLA2, provoque des agrégations plaquettaires, mais également des réactions inflammatoires aiguës, allant jusqu’au choc anaphylactique.

    Une expérience de laboratoire chez la souris a démontré que l’inactivation du gène PLA2G7 diminue l’inflammation en améliorant les marqueurs de la fonction thymique et de certaines fonctions métaboliques chez les souris âgées. Cela serait dû au fait que PLA2G7 cible un mécanisme spécifique d’inflammation appelé l’inflammasome NLRP3, expliquent les chercheurs.

    En plus de cela, une méta-analyse antérieure impliquant un total de 79 036 participants dans 32 études prospectives a révélé que les niveaux de Lp-PLA2 sont positivement corrélés à un risque accru de développer une maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral. Un médicament pour inhiber la production de PLA2G7 a été développé, mais les essais cliniques (achevés en 2013) n’ont pas été concluants. PLA2G7 est aujourd’hui étudié pour jouer le rôle de marqueur de l’arthrosclérose, car se liant fortement aux plaques d’athérome, il permettra de localiser ces dernières par imagerie.

    V.D. Dixit précise que "l’identification de ces facteurs nous aide à comprendre comment le système métabolique et le système immunitaire communiquent, ce qui peut nous indiquer des cibles potentielles susceptibles d’améliorer la fonction immunitaire, de réduire l’inflammation et, potentiellement, d’augmenter la durée de vie en bonne santé".

    Malgré ces bénéfices, le maintien de la restriction calorique et la prévention de la malnutrition sont difficiles chez l’homme, et liés à des effets secondaires importants. Par exemple, une réduction prolongée de l’apport calorique peut nuire à la cicatrisation des plaies, réduire le potentiel de lutte contre les infections, conduire à l’ostéoporose et diminuer la fertilité et la libido.

    Situé à l’intersection du métabolisme et de l’immunité, PLA2G7 pourrait médier les effets immunométaboliques de la restriction calorique afin de réduire l’inflammation et prolonger l’espérance de vie, sans les effets négatifs d’une réelle restriction. Elle serait une cible de choix pour un nouveau traitement anti-âge, ou du moins pour "retarder l’apparition de maladies liées à l’âge", comme le déclare le Dr D. Belski, auteur principal de l’étude CALERIE.

    Il peut y avoir un débat sur le meilleur type de régime à suivre, mais cette étude démontre que le simple fait de manger moins peut suffire à générer des avantages substantiels pour la santé.

    Source: Science

  • Manger plus sainement pourrait augmenter la durée de vie de plus de 10 ans

    Que ton alimentation soit ta première médecine“, préconisait Hippocrate. Pour la première fois, des chercheurs norvégiens ont quantifié l’impact réel de différents changements alimentaires sur l’espérance de vie. Au final, augmenter sa consommation en légumineuses, céréales complètes, fruits et légumes, et réduire celle en viande rouge, œufs et produits sucrés, a un impact positif sur la durée de vie, quel que soit l’âge. Mais l’avantage serait moins important si le changement est opéré plus tard dans la vie.

    D’après l’équipe de recherche, de l’université de Bergen (Norvège), notre régime occidental moyen (ou ordinaire) se compose d’une quantité trop importante en viandes, féculents raffinés, produits laitiers et sucrés. Dans l’étude, publiée dans la revue PLoS Medicine, les chercheurs montrent qu’un " régime optimal " — riche en légumineuses, céréales complètes, noix, fruits et légumes, et pauvre en viande rouge et viandes transformées — peut augmenter de plus de dix années la durée de vie d’un individu nord-américain de 20 ans (13 ans pour un homme et 10,7 ans pour une femme, en moyenne) par rapport au régime de base.

    D’après les auteurs, l’allongement estimé de la durée de vie est surtout dû à une réduction du risque de maladie cardiaque, de diabète et de cancer. Dans le cadre de cette nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé les méta-analyses existantes et la base de données du Global Burden of Diseases (programme mondial de recherche épidémiologique en santé publique) pour construire un modèle permettant d’estimer l’effet d’une série de changements alimentaires sur l’espérance de vie, et ce instantanément. Le modèle est disponible sous la forme d’un outil en ligne accessible au public.

    “Jusqu’à présent, les recherches ont montré les bénéfices pour la santé de privilégier des groupes d’aliments distincts ou des modes d’alimentation spécifiques, mais ont donné peu d’informations sur l’impact sanitaire d’autres changements de régime“, rapporte Lars Thore Fadnes, professeur à l’école de santé publique de l’université de Bergen et auteur principal de l’étude. “Notre méthodologie de modélisation a permis de combler cette lacune“.

    TOUT DEPEND DE L’AGE, DU SEXE ET DU GROUPE D’ALIMENTS CONSIDERE

    Au-delà d’un effet combiné d’une série de changements alimentaires sur la durée de vie, chaque groupe d’aliments possède sa propre influence sur cette dernière. Par exemple, augmenter uniquement sa ration de légumineuses (lentilles, fèves, soja, pois chiches, etc.) à 200 grammes par jour permettrait de gagner un peu plus de deux ans d’espérance de vie à l’âge de 20 ans. Diminuer sa consommation de viande rouge permettrait de gagner 1,6 an pour les femmes et 1,9 an pour les hommes, toujours à 20 ans. Le même résultat est trouvé pour la consommation de viande transformée.

    En revanche, plus les changements alimentaires s’initient à un âge avancé, moins l’espérance de vie gagnée est considérable. Ainsi, passer d’un régime ordinaire au régime optimal à l’âge de 60 ans pourrait augmenter l’espérance de vie de 8 ans pour les femmes et de 8,8 ans pour les hommes, et les personnes âgées de 80 ans pourraient tout de même gagner trois ans en moyenne.

    Changement alimentaire intermédiaire

    Hormis ce changement radical d’alimentation, l’équipe a également examiné un régime de “faisabilité“, à mi-chemin entre le régime typique et le régime optimal, certainement plus réaliste pour la majorité d’entre nous. Bonne nouvelle: ce régime montre aussi un bénéfice notable en augmentant l’espérance de vie d’environ six ans pour les femmes et sept ans pour les hommes (à 20 ans). En outre, opter pour ce régime permettrait un gain potentiel de 7% sur la longévité à tout âge: par exemple en consommant (par jour) 100 grammes de légumineuses, 137 grammes de céréales complètes, et en abaissant sa consommation de viande rouge à 50 grammes.

    Augmentation attendue de l’espérance de vie pour différents groupes d’aliments et avec des changements de régime initiés à partir de différents âges entre 20 et 80 ans (graphique de gauche). Le graphique de droite présente des estimations similaires avec un régime intermédiaire plus réalisable. Les apports suivants ont été utilisés pour le régime optimal et le régime de l’approche réalisable (respectivement): 225 g et 137,5 g de céréales complètes (poids frais), 400 g et 325 g de légumes, 400 g et 300 g de fruits, 25 g et 12,5 g de noix, 200 g et 100 g de légumineuses, 200 g et 100 g de poisson, 25 g et 37. 5 g d’œufs, 200 g et 250 g de lait/laitages, 50 g et 100 g de céréales raffinées, 0 g et 50 g de viande rouge, 0 g et 25 g de viande transformée, 50 g et 62,5 g de viande blanche, 0 g et 250 g de boissons sucrées, et 25 g et 25 g d’huiles végétales ajoutées. © Lars T. Fadnes et al. 2022

    Des avancées et des lacunes

    Basée sur de nombreuses autres études, ces résultats et conclusions semblent solides et “le calculateur pourrait être un outil utile pour les cliniciens, les décideurs et les profanes pour comprendre l’impact des choix alimentaires sur la santé“, d’après les auteurs. Pourtant, l’étude comprend quelques limites et la qualité globale des preuves a été évaluée comme modérée avec le NutriGrade — un système de notation pour évaluer et juger la méta-preuve des essais contrôlés randomisés et des études de cohorte dans la recherche sur la nutrition.

    De plus, il existe de grandes différences individuelles ne permettant pas de tirer de conclusions sérieuses sur l’impact de la durée de vie en général. On ne connait pas non plus le temps nécessaire pour obtenir tous les effets, l’effet d’autres groupes d’aliments (notamment la viande blanche et les huiles), l’impact du développement futur des traitements médicaux, et enfin les changements probables de mode de vie.

    Source: PLoS Medicine

  • Covid 19: l’effet protecteur de la vitamine D se confirme

    Le virus de la covid 19 est responsable d’une infection d’évolution très différente selon les individus. Elle peut être quasi inapparente (asymptomatique ou paucisymptomatique), ou se manifester au contraire par des atteintes graves, notamment de l’appareil respiratoire, pouvant entraîner le décès. Les recherches sur les facteurs responsables de ces différences ont été très actives, car elles peuvent déboucher sur des stratégies ou mesures de protection ciblées. Ainsi, l’association de l’âge avancé ou de certaines comorbidités avec une incidence élevée de formes graves a permis d’orienter et de prioriser la mise en œuvre de certaines mesures, dont la vaccination.

    Très tôt, des observations ont indiqué qu’un déficit en vitamine D pouvait être une des circonstances associées à un risque accru de covid 19 et de forme grave (1). Ces observations ont été guidées par des travaux antérieurs ayant montré un effet protecteur de la vitamine D contre le syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) qui peut être une complication, souvent mortelle, de certaines infections respiratoires (2). Une possible protection contre la grippe, la particulière sévérité de la covid 19 chez les personnes âgées ou obèses (deux conditions souvent associées à une hypovitaminose) et la prépondérance hivernale des infections (le manque d’exposition au soleil favorisant le déficit) avaient également orienté vers un possible rôle de la vitamine D dans la physiopathologie de la maladie.

    La vitamine D est connue pour son rôle dans le métabolisme du calcium (absorption intestinale, fixation osseuse). Mais elle a d’autres effets, antiviraux et anti-inflammatoires, médiés par son action sur l’enzyme de conversion de l’angiotensine de type 2 (ACE2) et la régulation qu’elle exerce sur la production de cytokines par les macrophages et les lymphocytes.

    Plusieurs travaux, dont ceux de C. Annweiler en France, ont attiré l’attention sur le lien entre niveau de vitamine D et évolution de la covid 19, indiquant un effet bénéfique potentiel de la vitamine sur le pronostic de l’infection chez les personnes âgées.

    Ces données ont conduit, dès 2020, l’Académie de médecine à recommander une supplémentation en vitamine D (800 à 1000 unités par jour) pour la prévention des formes graves de covid 19 chez les personnes de moins de 60 ans dès le diagnostic d’infection effectué (3). Pour les personnes de plus de 60 ans, elle a recommandé de doser immédiatement la 25(OH)D sérique en cas d’infection et d’administrer une dose de charge de 50 000 à 100 000 unités de vitamine en cas de carence. Dans son avis, l’Académie précisait que la vitamine D ne devait pas être considérée comme un traitement préventif ou curatif de l’infection, mais comme un adjuvant à ces traitements.

    En janvier 2021, de nombreux médecins et chercheurs ont suggéré qu’une supplémentation soit apportée tout au long de l’année aux personnes à risque d’hypovitaminose (personnes de 80 ans et plus, personnes vivant en EHPAD, dépendantes, fragiles ou obèses), et en période hivernale à l’ensemble de la population (4). Le dosage de la 25(OH)D, qui n’est pas un examen de routine, ne serait nécessaire que pour les personnes présentant une altération du métabolisme calcique.

    L’étude israélienne qui vient d’être publiée s’est intéressée aux concentrations de 25(OH)D mesurées chez 253 personnes dans la période (14 à 730 jours) qui a précédé une infection par le SARS-CoV-2 (5). Un modèle mathématique intégrant les variations saisonnières a été utilisé pour évaluer la concentration au moment de l’infection. Les auteurs mettent en évidence une corrélation entre déficit en vitamine et sévérité de l’infection : l’incidence des formes graves était 14 fois plus élevée chez les personnes avec une concentration en 25(OH)D inférieure à 20 ng/mL que chez celles dépassant 40 ng/mL. L’étude montre que le déficit en vitamine pourrait bien être un facteur prédisposant à une infection grave, et non pas qu’il en est la conséquence, comme les constatations initiales (dosage de la vitamine chez des personnes déjà malades) l’ont fait évoquer. Les auteurs déclarent avoir mis en évidence, dans le cas de la covid 19, la capacité de la vitamine D à renforcer les défenses contre les virus affectant l’appareil respiratoire, une capacité qui vaut sans doute pour tous les variants du SARS-CoV-2. Ils précisent que l’apport en vitamine D ne peut pas se substituer à la vaccination mais recommandent à leur tour qu’une supplémentation soit mise en œuvre en population générale pendant toute la durée de l’épidémie.

    En France, une enquête effectuée dans les années 2010 a montré que, si les carences en vitamine D (concentration sérique de 25-hydroxyvitamine D, ou 25(OH)D, inférieure à 10 ng/mL) sont rares et concernent des populations vulnérables, l’insuffisance (concentration entre 20 et 30 ng/mL) et le déficit (concentration entre 10 et 20 ng/mL) étaient très répandus (6). En 2012, l’Académie de médecine avait recommandé « qu’il soit porté une plus grande attention au statut vitaminique D de la population en France » et préconisé une réévaluation des apports en vitamine D dans la population française, débouchant sur une supplémentation éventuelle par voie orale (7).

    Références

        Grant WB, Lahore H, McDonnell SL, Baggerly CA, French CB, Aliano JL, Bhattoa HP. Evidence that Vitamin D Supplementation Could Reduce Risk of Influenza and COVID-19 Infections and Deaths. Nutrients. 2020 Apr 2;12(4):988. doi: 10.3390/nu12040988. PMID: 32252338; PMCID: PMC7231123.

    1. Xu, J. Yang et coll. Vitamin D alleviates lipopolysaccharide induced acute lung injury via regulation of the renin angiotensin system. Molecular medicine reports vol. 16,5 (2017): 7432-7438.

        Vitamine D et Covid-19, Communiqué de l’Académie nationale de Médecine, 22 mai 2020

        Effet bénéfique de la vitamine D dans la Covid : quelles sont les données ? La Revue du Praticien, 7 janvier 2021

        A.A. Dror, N. Morozov et coll. Pre-infection 25-hydroxyvitamin D3 levels and association with severity of COVID-19 illness. PLoS ONE 17(2): e0263069

    1. Vernay, M. Sponga et coll. Statut en vitamine D de la population adulte en France : l’Étude nationale nutrition santé (ENNS, 2006-2007). Bull Epidemiol Hebd 2012;16-7:189-94

        Rapport de l’Académie nationale de médecine. Statut vitaminique, rôle extra osseux et besoins quotidiens en vitamine D. Bull Acad  Natle Med. 2012, 196, 1011.

    Auteur : Hugues TOLOU

     

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  • Les bouteilles réutilisables en plastique menacent notre santé

    Voilà  pourquoi je vous dis de ne pas faire votre café dans une cafetière électrique avec des tuyaux plastiques!

    Des chercheurs de l’université de Copenhague ont découvert des milliers de composés chimiques dans l’eau des bouteilles en plastique réutilisables. Plusieurs de ces substances sont potentiellement nocives pour la santé humaine.

    Les bouteilles de sport en plastique réutilisables (ou gourdes) sont largement utilisées dans le monde, du fait de leurs qualités intrinsèques de souplesse et de résistance aux chocs. L’impact écologique fait partie également du choix des utilisateurs, préférant une bouteille réutilisable. Mais nous savons peu de choses sur la migration des produits chimiques composant les bouteilles, vers l’eau qu’elles contiennent malgré des découvertes récentes, que ce soit au niveau des emballages alimentaires, des cosmétiques ou même des biberons.

    Les emballages alimentaires sont rarement inertes. L’interaction entre le contenant et le contenu peut aboutir à des transferts de matières. Ces phénomènes sont susceptibles d’altérer la qualité de l’aliment, de détériorer les propriétés mécaniques de l’emballage et de causer des problèmes de santé. Trois types d’interactions sont possibles entre l’emballage et l’aliment : la perméation, l’adsorption et la migration.

    La migration des constituants du plastique (monomères résiduels, additifs, néoformés, etc.) en contact avec les aliments vers le produit conditionné, constitue un problème de sécurité alimentaire. Cette migration augmente avec la durée et la température de stockage. Elle a des conséquences organoleptiques ou toxicologiques, selon les composés se déplaçant vers l’aliment.

    Des perturbateurs endocriniens et des pesticides dans l’eau

    Les scientifiques ont testé trois types de bouteilles de sport en plastique, les plus couramment utilisées au Danemark. Il s’agissait d’une part de gourdes usagées (1 an) soit en plastique ordinaire soit en plastique biodégradable ; et d’une autre part de gourdes neuves en plastique biodégradable. L’expérience a été conçue pour être représentative de l’utilisation typique des consommateurs. Ces derniers boivent souvent de l’eau conservée dans les gourdes pendant plusieurs heures.

    Une étude de migration des produits chimiques provenant des gourdes neuves a été initialement réalisée. Puis toutes les bouteilles en plastique, ainsi que des bouteilles en verre (témoin), ont été lavées au lave-vaisselle, afin d’éliminer les impuretés et d’étudier la migration des produits chimiques du savon utilisé. Enfin, après un rinçage manuel supplémentaire à l’eau claire pour éliminer autant que possible le savon résiduel du lave-vaisselle, une autre étude de migration a été menée après 24 h.

    Le professeur de chimie analytique environnementale Jan H. Christensen, du département des sciences végétales et environnementales de l’Université de Copenhague, et sa collègue Selina Tisler, postdoctorante, ont détecté plus de 400 substances différentes dans le plastique des gourdes et plus de 3500 substances dérivées du savon pour lave-vaisselle.

    Jan. H. Christensen déclare dans un communiqué: “Nous avons été surpris par la grande quantité de substances chimiques que nous avons trouvées dans l’eau, après 24 heures, dans les bouteilles“.

    Une grande partie de ces substances n’ont jamais été signalées auparavant dans l’eau en bouteille et sont inconnues des chercheurs. Les composés détectés et liés au plastique comprennent des oligomères suspectés de provenir de la polycaprolactone (polyester biodégradable) et des amines aromatiques, pouvant avoir été introduits comme agents de glissement ou antioxydants, ainsi que comme photo initiateurs. Ceux-ci sont connus pour avoir des effets potentiellement nocifs sur la santé des organismes, en tant que perturbateurs endocriniens et substances cancérigènes.

    Un perturbateur endocrinien, selon l’Organisation mondiale de la santé (2002), est « une substance exogène ou un mélange qui altère la/les fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations ». En d’autres termes, un perturbateur endocrinien est capable de dérégler le système hormonal d’un organisme, en mimant, bloquant ou modifiant l’action d’une hormone. “Ils peuvent interférer avec toutes les grandes fonctions des organismes vivants: croissance, reproduction, développement du fœtus, comportement, nutrition, métabolisme, système nerveux“, souligne également l’Anses.

    Autre point de l’étude à mettre en relief: dans les gourdes neuves, près de 500 substances différentes restaient dans l’eau après un rinçage supplémentaire. Plus de 100 de ces substances provenaient du plastique lui-même. L’étude montre ainsi l’importance d’envisager des étapes de nettoyage particulières pour les bouteilles en plastique. Comme l’explique T. Selina, “les substances les plus toxiques que nous avons identifiées sont en fait présentes une fois que la bouteille est passée dans le lave-vaisselle – probablement parce que le lavage use le plastique et augmente ainsi la lixiviation“.

    Ces travaux de recherches ont également fait ressortir une variété d’adoucissants (utilisés notamment pour rendre plus souple le plastique), d’antioxydants et d’agents de démoulage utilisés lors de la fabrication, ainsi que du diéthyltoluamide (DEET); Le DEET est connu pour être une substance active des sprays antimoustiques.

    La majorité des substances identifiées est supposée appartenir aux substances ajoutées non intentionnellement, selon les chercheurs, soit pendant le processus de production, soit pendant l’utilisation. Des substances peuvent avoir été converties à partir d’autres substances. Ce qui semble être le cas pour le DEET, pour lequel les chercheurs émettent l’hypothèse d’une formation à partir du plastifiant laurolactame, à mesure que cet adoucissant se dégrade.

    Des tests plus sensibles, une réglementation faible

    L’inquiétude concernant la présence de composés chimiques dans les aliments conditionnés sous plastique n’est pas nouvelle, mais elle s’amplifie ces dernières années en raison de l’amélioration de l’instrumentation analytique. Cette dernière fournit des limites de détection plus basses et donc la possibilité de détecter avec plus de sensibilité et de précision les molécules nocives pour la santé humaine.

    Jusqu’à ce jour, l’une des principales limites à ces analyses de substances ajoutées intentionnellement (lors du processus de fabrication) ou non (contamination, migration, perméation) est leur identification et leur prédictibilité. En effet, de nombreuses substances ne sont pas incluses dans les bases de données, et un nombre limité de normes analytiques sont disponibles. De plus, les informations sur les ingrédients utilisés pour fabriquer les matières plastiques sont incomplètes.

    Un nouvel outil tend à pallier ces lacunes: l’analyse de dépistage non ciblé (NTS), où une large gamme de composés peut être criblée. L’équipe a donc procédé à un dépistage non ciblé par chromatographie liquide — spectrométrie de masse à haute résolution (LC-HRMS) pour identifier ces composés.

    Les résultats de l’étude soulèvent l’interrogation quant à la réutilisation possible des gourdes, en particulier lorsqu’elles sont étiquetées « plastique biodégradable ». Les auteurs soulignent que la production de bouteilles en plastique biodégradable ne signifie pas que les bouteilles sont nécessairement constituées de composés naturels. Au lieu de cela, on peut supposer que les plastifiants migreront plus facilement dans l’eau potable des consommateurs, aux vues de la dégradation lente des bouteilles en plastique biodégradable pendant l’utilisation. Selon les chercheurs, les résultats reflètent un manque de connaissances et de réglementation.

    En attendant que les normes évoluent et que les entreprises prennent leurs responsabilités vis-à-vis de ces substances, il vaut mieux privilégier, comme le précise Jan H. Christensen, les “bouteilles en verre ou en acier inoxydable de qualité“.

    Source: Journal of Hazardous Materials

    ATTENTION: ne pas javelliser une bouteille inox; ne pas y passer un tampon métallique; le mieux est de la laisser tremper au vinaigre blanc quelques heures.